C’est la grande réforme du système de santé du quinquennat d’Emmanuel Macron. Baptisé « Ma santé 2022 », ce plan prévoit d’investir 3,4 milliards d’euros sur quatre ans pour transformer les études de santé, redéfinir la carte hospitalière et faire de l’exercice coordonné la clé de voûte de la prise en charge des patients via notamment les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS). Dans cet objectif, des négociations conventionnelles ont été lancées et des mesures ont été directement inscrites dans la loi de financement de la sécurité sociale (LFSS) pour 2019. Pour compléter le tout, un projet de loi relatif à l’organisation et à la transformation du système de santé a été présenté à l’Assemblée nationale en février dernier. Adopté à la mi-juillet par le Parlement, ce texte a été promulgué quelques jours plus tard par le président de la République.
Des missions coordonnées
Concrètement, cette loi réforme les études de santé, améliore les soins de proximité et leur coordination, accompagne le virage numérique et élargit encore le rôle et les missions du pharmacien d’officine au-delà de la dispensation des médicaments. « Convaincus que le pharmacien est un acteur de santé de proximité incontournable, pouvoirs publics et autorités de santé ont encouragé le développement de nouveaux services dispensés par le pharmacien », notamment en matière de prévention ou de dispensation, se félicite la FSPF, qui souligne que bon nombre de ses demandes en faveur de l’évolution du métier figurent dans cette loi de santé. C’est ainsi que le pharmacien pourra, dès le 1er janvier 2020, dans le cadre de protocoles inscrits au sein d’un exercice coordonné, délivrer des médicaments sans prescription médicale. « Cette disposition permettra de réduire les engorgements des services d’urgence », affirme le syndicat, qui qualifie cette mesure « d’avancée majeure pour la profession, dans l’intérêt de la santé publique ». De même, l’officinal pourra être désigné comme correspondant par le patient, toujours dans le cadre d’un exercice coordonné et avec l’accord du médecin, afin de renouveler des traitements chroniques et d’en ajuster la posologie.
Acteur de prévention
Le pharmacien aura également la possibilité de prescrire certains vaccins, dont la liste sera établie par arrêté après avis de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). « Après avoir obtenu la généralisation de la vaccination antigrippale à l’officine, cette disposition concrétise l’importance du pharmacien dans la prévention », affirme la Fédération. Autre avancée pour la profession, la substitution d’un médicament d’intérêt thérapeutique majeur par un autre en cas de rupture de stock, ce qui permettra de limiter les effets des pénuries de médicaments. Enfin, la loi prévoit la généralisation de la prescription électronique et la participation des officinaux à la télémédecine. « Les activités de télésoin prises en charge par l’Assurance maladie mettront en relation un pharmacien et un patient et seront effectuées par vidéotransmission », précise la FSPF, qui restera vigilante quant aux conditions de mise en œuvre et de rémunération de ces nouvelles pratiques. « Cette diversification d’activités souhaitée par les pharmaciens permet de répondre aux défis que constituent les inégalités dans l’accès aux soins, le vieillissement de la population ou la prévalence des maladies chroniques », estime le président de la FSPF, Philippe Besset. Mais, pour lui, l’essai devra être transformé au moment du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2020 qui traduira concrètement ces nouvelles missions en envisageant leur rémunération.