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Les pharmaciens au chevet du rein

La région Centre a un train d’avance sur le dépistage de l’insuffisance rénale chronique (IRC). Bretagne, Pays de la Loire et Poitou-Charentes devraient lui emboîter le pas prochainement.

Par Alice Monas

Dans le Centre, le projet Marié (Médicaments à adapter à la fonction rénale et iatrogénie évitable) vise à évaluer l’impact d’un suivi par le pharmacien d’officine des patients à risque d’insuffisance rénale. C’est un programme pluriprofessionnel, qui associe les biologistes, les néphrologues et les médecins traitants. Marié est la consécration d’un travail de sensibilisation engagé depuis quelques années, puisque officinaux et médecins généralistes sur un même territoire étaient formés sur le sujet. « Nous avons travaillé en partenariat étroit avec l’hôpital », souligne Élisabeth Lemaure, présidente de l’URPS pharmaciens du Centre. Après des sessions communes entre les équipes officinales et hospitalières du Centre hospitalier universitaire de Tours, la première expérimentation a eu lieu en 2014 en région Centre et a mobilisé une trentaine de pharmacies, indemnisées à hauteur de 15 euros par dossier. Près de 900 patients ont été dépistés pendant la durée de l’opération. Quelques exemples de situations détectées par les pharmaciens d’officine ayant nécessité l’intervention d’un médecin généraliste : une diminution de la posologie d’allopurinol ou de metformine, l’arrêt d’un traitement Rasilez/inhibiteur de l’enzyme de conversion (IEC) chez un diabétique…

Prochaine extension

L’opération étant considérée comme un succès, elle devrait être étendue à quatre autres régions, dont la Bretagne, les Pays de la Loire et le Poitou-Charentes, pour un total, à terme, de 200 pharmacies. C’est le projet Marié 2, qui reprend les grandes lignes de son aîné et bénéficiera d’un financement national, grâce au ministère de la Santé. « L’hôpital a répondu à un appel à projets de la direction générale de l’offre de soins (DGOS) pour obtenir un budget Preps [Programme de recherche sur la performance du système des soins, NDLR]. Le premier volet a été accepté par la DGOS. Nous espérons que le projet sera validé entièrement, afin d’obtenir les fonds pour le mener à bien », précise Élisabeth Lemaure. Le budget nécessaire est estimé à environ 675 000 euros.

pas moins de 118 patients dépistés !

En Poitou-Charentes, les pharmaciens ont profité de la Semaine nationale du rein pour lancer une action de dépistage de l’insuffisance rénale chronique en officine. La première expérimentation a eu lieu du 8 au 15 mars 2014. « Une dizaine de pharmaciens y ont participé dans chaque département », explique-t-on à l’URPS. En tout, 53 pharmacies se sont portées volontaires et ont reçu un mode d’emploi et des bandelettes, et 118 patients ont été dépistés. L’URPS a noué un partenariat avec la Fédération nationale d’aide aux insuffisants rénaux (Fnair) et l’Association des insuffisants rénaux Poitou-Charentes (AIRPC), qui ont fourni des appareils lecteurs de bandelettes. « On sait que certains médicaments mal utilisés comme l’ibuprofène peuvent provoquer une insuffisance rénale chronique irréversible et que d’autres doivent être utilisés avec prudence chez les insuffisants rénaux. Il est important pour le pharmacien de connaître la qualité de la fonction rénale pour savoir si les médicaments sont bien éliminés par les reins et éviter les risques de surdosage. Il serait intéressant de s’inscrire dans la durée pour que les patients retiennent que leur pharmacien peut leur proposer ce dépistage deux fois dans l’année », estime-t-on à l’URPS. En mars 2015, les officinaux de la région ont renouvelé l’expérience ; les résultats sont en cours d’analyse.

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