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Le « cannabis light » arrivera-t-il en officine ?

Vendre du CBD au comptoir : un laboratoire tente le coup avec un complément alimentaire.

© FOTOLIA/TALAJ

Le laboratoire français Aeroma se prépare à commercialiser en pharmacie Aroma, une huile de chanvre à teneur garantie en cannabidiol (CBD). Ce composé actif du cannabis aurait un effet relaxant sans créer d'accoutumance. S’il ne figure pas sur la liste des substances interdites à la commercialisation et est reconnu comme dénué d'effet euphorisant, ce n’est pas le cas de l’autre substance majeure présente dans le cannabis, le delta-9-tétrahydrocannabinol ou THC qui est, lui, classé comme stupéfiant. Le CBD est le composant principal du « cannabis light », soit des fleurs de la plante ayant une teneur en THC inférieure à la limite autorisée en France (0,2 %). On constate depuis plusieurs mois dans l’Hexagone l’ouverture de boutiques style coffee shops qui commercialisent des produits dérivés du cannabis (liquides pour e-cigarettes, gélules, huiles…) en flirtant avec la légalité. Un certain nombre d'entre elles ont d’ailleurs déjà baissé le rideau sur décision judiciaire : des investigations avaient démontré que certaines références contrevenaient à la loi car elles contenaient du THC normalement prohibé.

Le CBD dans la zone grise

En juin dernier, la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca) a précisé que « les produits […] à base de CBD sont interdits s’ils contiennent du THC quel que soit le taux et s’ils ne sont pas obtenus à partir de variétés et de partie de plantes autorisées ». Le laboratoire Aeroma a pris soin d’indiquer que son produit, une huile de chanvre bio comprenant 300 mg ou 500 mg de CBD par flacon de 10 ml, est garantie sans THC. Elle le décrit comme « un produit de bien-être 100 % végétal », le présentoir portant les mentions « stress, anxiété, sommeil ».
Rien de répréhensible donc dans cette huile de chanvre en l’état actuel de la législation, même si l’Ordre des pharmaciens déclare attendre une expertise de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) sur la question. On pourra cependant s’interroger sur l’intérêt de commercialiser un tel complément alimentaire dans le circuit officinal, dans la mesure où la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a déclaré travailler sur le sujet des produits dérivés du cannabis, en collaboration avec la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF). Vous êtes prévenus.

Par Alexandra Chopard

12 Octobre 2018

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