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L’ECBU, c’est pas dans la poche

L’utilisation de poches de recueil pour le diagnostic d’infection urinaire chez l’enfant est largement remise en cause, tant par les autorités que par les sociétés savantes.

Par Élise Brunet

© RUNGE.MARIUS

Les recommandations 2015 de la Société française de pédiatrie et de la Société de pathologie infectieuse de langue française sur la prise en charge des infections urinaires de l’enfant sont claires : les poches de recueil urinaire pour un examen cyto-bactériologique des urines (ECBU) ne doivent être utilisées qu’en dernier ressort. Et lorsque l’on est à peu près sûr du diagnostic. En cause : le risque bien trop élevé de faux positifs, à l’origine de surdiagnostics et de surtraitements, avec les risques iatrogéniques afférents. Ces éléments, chiffrés dans une étude publiée en 2000 dans The Journal of Pediatrics, ont amené les auteurs à conclure : « Mettre en culture une urine prélevée grâce à une poche présente plus de risques que d’avantages. »
Un fait connu depuis longtemps, donc, car l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM, alors Afssaps) avait déjà émis ces mêmes recommandations en 2007. « Il est certain qu’il est assez fréquent que nous ayons du mal à confirmer le diagnostic sur les urines prélevées par poche, confirme François Blanchecotte, président du syndicat des biologistes. La pose d’une poche est un geste technique, que nous essayons de faire le plus possible au laboratoire. » Parents maladroits ou qui n’osent pas, poche qui se décolle, fuite…, autant de facteurs qui rendent la tâche ardue. Et qui aboutissent à des échantillons inexploitables, souillés de germes périnéaux ou de matières fécales. À cela s’ajoute la très courte durée de conservation des urines prélevées, liée à la multiplication rapide (toutes les 20 minutes) d’Escherichia coli, germe retrouvé dans 90 % des infections, et à l’agrégation leucocytaire après 12 heures.

Des recommandations illusoires ?

En ambulatoire, les sociétés savantes recommandent donc de recourir le plus possible au recueil en milieu de jet. « On ne se pose même pas la question, ce n’est pas faisable ! », rétorque François Blanchecotte, avant de préciser qu’on ne peut pas attendre des heures la miction du nourrisson alors que celui-ci, qui a mal, aura le réflexe de se retenir d’uriner. Selon ces mêmes experts, l’ECBU, et donc le recours aux poches de recueil, ne doit être prescrit qu’en présence de symptômes très évocateurs et d’une bandelette urinaire positive.

Les risques de
cette méthode
dépassent ses
avantages.

Or « les bandelettes urinaires ne sont pas du tout pratiquées par les biologistes. C’est une perte de temps et de chance. Nous procédons immédiatement à l’analyse microscopique des urines prélevées. Les bandelettes doivent être réservées aux cas asymptomatiques », assure le Dr Blanchecotte. 
Recommandations non suivies et non suivables, conditions de recueil qui semblent inadaptées au quotidien, analyses potentiellement faussées… Serions-nous sans alternative efficace, à l’heure où le combat contre l’antibiorésistance se doit d’être livré au jour le jour ? Pour l’instant, oui. Le mieux reste donc de privilégier le personnel formé et, dans la mesure du possible, de se rendre au laboratoire, muni d’une boisson et d’un peu de patience. Selon le Dr Blanchecotte, il est également capital que « les pharmaciens aient une connaissance approfondie des inconvénients » que présente cette méthode, « afin que nous parlions tous d’une même voix ». En attendant de trouver la méthode miracle… 

l’avenir est dans la couche

Une start-up américaine, Pixie Scientific, a mis au point une couche « intelligente », encore au stade expérimental. Cette couche, appelée « smart diaper », permettrait de détecter dans les urines des troubles tels que la déshydratation, une infection urinaire ou un dysfonctionnement du rein. Elle est munie de sept petits carrés de couleur, chacun mesurant un paramètre particulier dans les urines émises. Leur couleur change en cas d’anomalie. Les parents doivent alors scanner le QR code présent sur la couche et l’envoyer à un médecin via une application, permettant à celui-ci d’établir un diagnostic à distance. La fin de l’épineux « collage de poche » serait-elle proche ?

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