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Une sélection qui ne dit pas son nom

Le Plan étudiants ne renonce pas à trier les candidats et entérine la disparition de la Sécu étudiante dès septembre 2018.

© FOTOLIA/HURCA.COM

 

En qualifiant de « naufrage » le tirage au sort pour l’admission dans certaines filières universitaires et la façon dont la plate-forme d’admission post-bac (APB) « a fonctionné jusqu’à cette année », le Premier ministre Édouard Philippe a signé l’arrêt de mort d’un système que le Plan étudiants, présenté le 30 octobre en compagnie de Frédérique Vidal, la ministre de l’Enseignement supérieur, a pour ambition de reconstruire sur des bases entièrement nouvelles. De fait, certaines mesures parmi toutes celles annoncées représentent une réelle rupture. C’est notamment le cas de l’abandon du régime de la sécurité sociale étudiante et du rattachement, dès la rentrée 2018, de tous les nouveaux étudiants au régime général. La mesure qui s'étendra à tous les étudiants à la rentrée 2019 ne sera pas ajoutée au projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2018 mais s'intégrera dans le projet de loi « Accueil et réussite des étudiants », présenté au conseil des ministres le 22 novembre. 
Actuellement de 217 euros (plus 5,10 euros de médecine préventive), la cotisation obligatoire en vigueur sera supprimée et remplacée par une contribution unique dénommée « Vie étudiante » donnant accès à toutes les prestations, y compris celles liées aux activités culturelles et sportives. Son montant sera de 60 euros pour les étudiants de premier cycle, 120 euros pour ceux du deuxième cycle et 150 euros pour ceux du troisième. En 2013, la Cour des comptes avait étrillé le système de la sécurité sociale étudiante géré par La Mutuelle des étudiants (LMDE) et onze mutuelles régionales regroupées dans le réseau Emevia. Les magistrats de la rue Cambon évoquaient alors « une qualité de services […] globalement très insatisfaisante » ainsi que des « coûts de gestion élevés avec une faible productivité ».

Des attendus plutôt que des prérequis

Annoncée pour janvier 2018, la nouvelle plate-forme d’admission qui viendra en remplacement de l’actuelle APB comportera un maximum de 10 vœux hiérarchisés (contre 24 actuellement) « pour éviter les choix par défaut » et affichera désormais le nombre de places disponibles, le nombre de candidatures de l’année précédente ainsi que le taux de réussite des anciens étudiants selon la filière du baccalauréat dont ils sont issus. Édouard Philippe l’a rappelé, « l’enjeu aujourd'hui est […] d'aider les futurs bacheliers à construire leur projet, à leur indiquer les efforts supplémentaires qu'ils vont devoir fournir pour accéder à une filière pour laquelle ils peuvent ne pas être suffisamment armés »
Si le Plan étudiants abandonne toute notion de sélection à l’entrée en université, il consacre en revanche l’avènement des « attendus ». Chaque formation devra ainsi mettre clairement en lumière « les connaissances fondamentales et les compétences nécessaires à la réussite des étudiants » dans le but de les inciter à choisir l’orientation la plus en phase avec leurs capacités. Dans certains cas, ces attendus pourront également prendre la forme d’une lettre de motivation, d’un projet personnel ou encore du suivi d’un enseignement numérique en ligne (MOOC) préalable à l’entrée à l’université, comme ce sera le cas pour la pre­mière an­née com­mune des études en santé (Paces). 
Les candidats pourront ainsi joindre à leur dossier le certificat électronique attestant qu’ils ont bien suivi cette formation. Un gage de motivation au cas où le nombre de places serait insuffisant pour accueillir toutes les demandes, comme cela risque encore d’arriver pour la filière santé. Dominique Vidal n’a en effet pas exclu la possibilité d’avoir recours à un examen du dossier et des aptitudes de chaque candidat pour opérer un choix final. Pas de sélection donc… sauf si les circonstances ne laissent d’autre choix que d’y recourir. Le collectif d’associations étudiantes la Fage, dont fait partie l’Association nationale des étudiants en pharmacie de France (Anepf), a d’ores et déjà averti qu’il n’acceptait pas cette sélection qui ne dit pas son nom : « L’insuffisance des capacités d’accueil ne peut en aucun cas devenir un motif de refus d’admission dans une filière par l’université. » L'avenir le dira.

Par Benoît Thelliez

2 Novembre 2017

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