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L'UDGPO épingle Winpharma

L'Union des groupements de pharmaciens d'officine s'insurge contre la libre exploitation des données par vos éditeurs de logiciel.

L'Union des groupements de pharmaciens d'officine (UDGPO) ouvre un nouveau front. Après les plate-formes de vente en ligne de médicaments, le voilà qui s'attaque aux éditeurs de logiciels de gestion d'officine (LGO) en assignant l'un d'eux en justice, Winpharma. « Les laboratoires connaissent à la boîte près ce que commandent et vendent les pharmaciens d'officine car ils achètent ces données auprès de IMS Health, de Ospharm, du Gers [Groupement pour l'élaboration et la réalisation de statistiques, NDLR], qui les achètent eux-mêmes aux éditeurs de LGO. Les négociations commerciales, qu'elles soient individuelles ou [qu'elles passent] par un groupement, sont donc biaisées puisque le fournisseur [connaît sur le bout des doigts] les capacités d'achat des pharmaciens », déplore Laurent Filoche, président de l'UDGPO.

Juste contrepartie

Winpharma est le premier ciblé par une procédure parce qu'il a annoncé qu'il ne transmettrait plus les données qu'il collecte à Offisanté, un outil d'analyse des données de vente à destination des pharmaciens, à compter du 1er janvier prochain. Mais courant février, ce sont aussi SmartRX et LGPI qui seront invités à s'expliquer sur les conditions dans lesquelles ils trans­mettent les don­nées, explique Laurent Filoche. 
« Confis­quées et ven­dues » à l'industrie pharmaceutique sans ré­tri­bu­tion des phar­ma­ciens aux­quels elles ap­par­tiennent pour­tant, ces don­nées, dans d'autres pays, « constituent une partie non négligeable des revenus des officinaux. En Allemagne, cela représente 7 000 euros en moyenne par an par officine. Soit l'équivalent de notre rémunération sur objectifs de santé publique pour le générique », indique-t-il. Aussi l'union des groupements réclame-t-il que « les bénéfices des ventes [reviennent] de manière claire et transparente » aux pharmaciens et qu'ils puissent donner leur avis sur la destination finale de ces données. Une mini révolution est-elle en marche ?

 

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Mise à jour du 22/12/2016

« Droit de réponse WINPHARMA

« En date du 15 décembre, un article est paru dans Le Pharmacien de France indiquant que l'UDGPO assignait la société WINPHARMA au sujet des données de santé.

« L'article énonce notamment

« Winpharma est le premier ciblé par une procédure parce qu'il a annoncé qu'il ne transmettrait plus les données qu'il collecte à Offisanté, un outil d'analyse des données de vente à destination des pharmaciens, à compter du 1er janvier prochain. Mais courant février, ce sont aussi SmartRX et LGPI qui seront invités à s'expliquer sur les conditions dans lesquelles ils transmettent les données, explique Laurent Filoche. « Confisquées et vendues » à l'industrie pharmaceutique sans rétribution des pharmaciens auxquels elles appartiennent ».

« 1°) A ce jour, WINPHARMA n'a reçu aucune assignation de l'UDGPO.

« 2°) WINPHARMA ne confisque pas les données des pharmaciens et ne les revend pas.

« Notre société, depuis plusieurs années, a été contactée par différents prestataires informatiques qui proposent aux pharmaciens certains traitements de données, dont OFFISANTE. WINPHARMA est donc toujours intervenue de façon limitée, uniquement technique, pour extraire certaines données, les anonymiser et les confier aux seuls prestataires concernés, lesquels ont des contrats avec les pharmaciens à ce sujet. Dans ce cadre, WINPHARMA a toujours pris soin de rappeler à ces prestataires leurs obligations, notamment d'information et d'autorisation des pharmaciens.

« Ce sont donc ces prestataires que les pharmaciens ou les groupements doivent interroger, dans le cadre des contrats qu'ils ont nécessairement conclus avec eux pour le traitement des données.

3°) L'article fait état d'un différend entre OFFISANTE et WINPHARMA de la façon suivante :

« Winpharma est le premier ciblé par une procédure parce qu'il a annoncé qu'il ne transmettrait plus les données qu'il collecte à Offisanté, un outil d'analyse des données de vente à destination des pharmaciens, à compter du 1er janvier prochain. »

WINPHARMA s'étonne de l'initiative de l'UDGPO, qui affirme publiquement qu'elle cible en premier WINPHARMA parce qu'elle arrêterait de transmettre des données à OFFISANTE. Où est le rapport avec une prétendue confiscation des données et leur vente aux laboratoires ? Pourquoi OFFISANTE n'est-elle pas interrogée par l'UDGPO, puisque c'est bien cette société qui se charge de traiter les données pour ses clients pharmaciens ?

L'UDGPO semble prendre fait et cause pour OFFISANTE, dont l'un des associés fondateurs s'avère être le trésorier et vice président de l'UDGPO.

« 4°) Notre société ne commercialise pas de services de traitements de données à destination des laboratoires ou autres fournisseurs. Ce n'est pas notre métier.

« La transparence avec nos clients et partenaires est une de nos valeurs fondamentales, depuis la création de WINPHARMA.

« 5°) Il est donc inexact d'écrire que WINPHARMA vend des données. Elle permet seulement à des prestataires d'avoir accès à celles-ci, quand elles proviennent de notre logiciel WINPHARMA, dans certaines conditions, ceux-ci demeurant seuls responsable vis-à-vis des pharmaciens qui ont choisi de leur confier cette mission.

« 6°) Ces partenaires comprennent que de telles opérations d'extraction nécessitent un support technique et un travail humain spécifiques de la part de l'éditeur, qui doivent recevoir une compensation financière correspondante.

« Il n'y a en effet aucune automaticité possible d'extraction de données.

« Il faut sécuriser notamment le processus d'anonymisation et de transfert ; il faut veiller à ce que cette extraction ne vienne pas perturber le fonctionnement du logiciel de gestion. Ce sont les raisons pour lesquelles les prestataires de traitement de données font appel à tous les éditeurs de logiciels de gestion, pour que ceux-ci se chargent, pour eux, de cette partie technique.

« 7°) WINPHARMA va proposer dans les prochaines semaines une évolution de son logiciel de gestion permettant une simplification des processus, en vue de la mise en place d'un protocole commun pour l'extraction et le transfert de certaines données, invitant ici publiquement les autres éditeurs de logiciels de gestion à venir se joindre à cette initiative. Cela permettrait à tous les prestataires proposant aux pharmaciens des traitements de données de développer des programmes qui n'auraient plus besoin d'être spécifiques à chaque extraction issue de tel ou tel logiciel de gestion. WINPHARMA soutiendra toute initiative en ce sens, qui n'a de sens que si tous les éditeurs s'entendent sur un protocole commun à ce sujet.

« Toutefois, tous les acteurs doivent comprendre, en premier lieu les pharmaciens, que la gestion de l'extraction et de l'anonymisation quotidienne de telles données, parce qu'elle exige des moyens techniques et humains spécifiques, a un coût. Ainsi, chaque éditeur demeure libre de refuser des propositions commerciales qui, comme c'est le cas parfois, le conduiraient à travailler à perte.

« Les prestataires concernés pourraient choisir de se passer des éditeurs dans ce domaine. Mais ils ne le souhaitent pas. Les pharmaciens comprennent aussi que la sécurisation d'un tel processus complexe passe par l'intervention préférentielle de spécialistes, dans leur propre intérêt, pour un modèle de travail pérenne, qualitatif, évolutif. 

« Nous invitons donc nos concurrents à venir rejoindre WINPHARMA dans cette initiative ».

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Par Claire Frangi

15 Décembre 2016

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