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Les règles pourraient camoufler le DT2 : info ou intox ?

La détection du diabète est basée sur la mesure du taux d’hémoglobine glyquée. Est-ce un problème ?

Le DT2 est-il plus difficile à repérer chez les femmes ?© adobestock_sarahholmlund

Le diabète de type 2 (DT2) des femmes est en moyenne diagnostiqué plus tard que celui des hommes, et celles- ci présentent une mortalité plus élevée. Cela semble s’expliquer par un déficit de diagnostic spécifique aux femmes. Mais pourquoi ? C’est ce qu’ont cherché à comprendre les auteurs d’une étude britannique publiée dans Diabetes Therapy le 30 septembre 2023 et présentée au Congrès annuel de l’Association européenne pour l’étude du diabète (EASD). 
Leur idée était de questionner la pertinence du dépistage basé sur le dépassement d’un certain taux d’HbA1c, avec une valeur seuil identique quel que soit le sexe de la personne. Les chercheurs ont d’abord comparé les valeurs moyennes de l’hémoglobine glyquée chez les hommes et les femmes non diabétiques. Ils ont pour cela analysé les taux d’HbA1c d’une première cohorte de 146 907 personnes entre 2012 et 2019, puis ont reproduit l’expérience en testant 938 678 personnes entre 2019 et 2021. 
Résultat : les femmes de moins de 50 ans avaient en moyenne un taux de HbA1c plus faible que les hommes, cette différence étant évaluée à 1,6 mmol/mol. Chez les plus de 50 ans, les analyses indiquaient en revanche qu’il n’y avait quasiment pas de différence entre les taux moyens masculins et féminins. Il a été démontré que la valeur médiane de l’HbA1c augmentait avec l’âge, et que, à 50 ans, il serait décalé d’environ 5 ans chez les femmes par rapport aux taux observés chez les hommes. Cela signifierait que lorsqu’une femme voit son taux de HbA1c atteindre le niveau d’alerte en vigueur actuellement, elle serait en fait plus avancée dans la maladie qu’un homme dont le taux serait semblable. 
Cela s’explique : les règles entraînant une perte d’hémoglobine, dont des molécules glyquées, la quantité de HbA1c présente dans le corps est plus basse qu’elle ne le serait sans cette « fuite » menstruelle. Les femmes non ménopausées semblent donc souffrir d’un retard de diagnostic à cause d’un seuil d’alerte inadapté. Selon l’étude, l’abaissement de ce dernier de 2 mmol/mol permettrait à environ 35 000 femmes supplémentaires d’Angleterre et du Pays de Galle de recevoir le diagnostic de DT2, et d’ainsi bénéficier d’une prise en charge adaptée. Une telle modification des critères de diagnostic pourrait mener à la réduction de 64 % de la différence entre taux de mortalité des femmes et des hommes diabétiques âgés de 16 à 50 ans.

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Par Hélène Bry

16 Février 2024

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