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Enjeux économiques

La onzième étape du Tour de France de la convention était consacrée à l’évolution de la rémunération des pharmaciens.

Par Paul Kristoff

De gauche à droite : Philippe Besset (FSPF), Carine Mathat (CPAM Indre-et-Loire), Jean-Marc Aubert (Iqvia) et Servanne Lalinec (Anepf).DR

La convention signée en mars ­définit de nouvelles orientations pour le métier de pharmacien. Sur le plan économique, en revanche, rien n’a été acté. L’épidémie de Covid-19 est passée par là et a largement faussé les chiffres. Du coup, les partenaires conventionnels se sont accordés pour rouvrir de nouvelles discussions une fois le calme revenu. « Nous sommes au milieu du travail conventionnel et nous allons bientôt démarrer les négociations sur l’économie de l’officine afin d’aboutir à un avenant d’ici à la fin de l’année », indique Philippe Besset, président de la FSPF.
Toutefois, le nouveau contrat d’ores et déjà conclu avec l’Assurance maladie n’élude pas complètement la question. Ainsi, les honoraires spécifiques aux grands conditionnements (HG) de  2,76 euros TTC s’appliquent désormais à l’ensemble des présentations trimestrielles, à l’exception des contraceptifs oraux. Le gain de cette mesure pour le réseau officinal devrait avoisiner les 45 millions d’euros. Ce n’est pas tout. Le texte prévoit également la hausse du tarif de la vaccination qui a été porté de 6,30 à 7,50 euros. « Cette revalorisation d’honoraires est une première », souligne Philippe Besset, qui considère que ce sera « tout l’enjeu de l’avenant sur le volet économique à venir ».

L’effet produits chers

L’introduction des honoraires a marqué un tournant dans la rémunération des pharmaciens. Cette « transformation totale de la tarification est liée à une évolution très forte du métier et de la reconnaissance par la société de la profession de pharmacien », estime Jean-Marc Aubert, président de Iqvia France. Il relève que depuis 2018, même sans les services et produits liés à la Covid-19, le chiffre d’affaires des officines progresse, à hauteur de 3,8 % par an. « La rémunération des pharmaciens suit cette croissance », observe-t-il. Hors Covid, les honoraires ont augmenté de 2,3 % et la marge sur le médicament de 0,8 %. Mais attention, le président de Iqvia France rappelle que, dans le même temps, l’inflation progresse de 6 % chaque année. « On voit bien que des négociations seront nécessaires en 2023 pour maintenir un équilibre économique », souligne-t-il. D’autant que, remarque-t-il, « une partie de la croissance vient du fait que le prix moyen des médicaments remboursables augmente de l’ordre de 4,4 % et cela risque de perdurer ». Le problème est que la marge des spécialités onéreuses (dont le montant est supérieur ou égal à 1 930 euros) est plafonnée alors que leur part ne cesse de progresser. « La rémunération actuelle permet-elle d’accompagner cette transformation du marché ? » s’interroge Jean-Marc Aubert. Les futures négociations sur le volet ­économique se pencheront certainement sur la question. 

Avec le soutien de Iqvia.

Les gagnants et les perdants de la Covid-19

En 2020, les actes liés à la gestion de la crise Covid ne pesaient pas grand-chose dans l’économie officinale, environ 137 000 euros sur les quelque 5,5 millions d’euros de marge. Mais la donne a changé dans les deux années suivantes. La rémunération liée à la Covid-19 est ainsi passée à 1,678 million d’euros en 2021 et à 1,388 million d’euros en 2022, indique Jean-Marc Aubert. La crise sanitaire a également bouleversé les équilibres économiques. « Dans le monde post-Covid, pour l’instant, les pharmacies dont l’activité croît le moins, par rapport à 2021, sont celles des zones commerciales », fait remarquer le président de Iqvia France. À l’inverse, les officines qui s’en sortent le mieux sont celles des quartiers périphériques. Enfin, observe Jean-Marc Aubert, « la taille des officines ne joue pas actuellement sur la croissance » que ce soit du chiffre d’affaires ou de la marge.

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