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La révolution passe (enfin) par l'officine

Vous allez pouvoir dispenser tous les nouveaux traitements contre l'hépatite C. Une excellente nouvelle.

Le Maviret ouvre le bal des anti-VHC nouvelle génération en pharmacie.Photo DR

Tout est finalement allé très vite. La révolution thérapeutique des antiviraux à action directe (AAD) dans le traitement de l'hépatite C (VHC) est en passe de devenir une réalité pour tous les patients infectés, quel que soit leur génotype ou leur stade de fibrose, y compris en ville. Cet accès universel, réclamé par les associations de patients, s'est d'abord heurté à leur prix extrêmement élevé : 47 000 euros pour les douze semaines de traitement avec Harvoni de Gilead il y a encore deux ans. En mai 2016, Marisol Touraine, alors ministre de la Santé, s'engageait à garantir l'accès universel et demandait pour ce faire au Comité économique des produits de santé (CEPS) d'entamer une négociation « extrêmement ferme » avec les laboratoires. En janvier 2017, une première brèche était ouverte avec la publication d'un décret autorisant le remboursement pour tous les patients du Zepatier (MSD) dont le coût de la cure de douze semaines avait été ramené à 28 700 euros mais dont l'efficacité se limitait aux patients du génotype 1 et 4.  

Ils arrivent en ville

De­puis le 8 mars der­nier, l’histoire s’accélère. L'autorisation donnée au Maviret (AbbVie) d'être délivré en officine de ville marque un tournant. Cet AAD pangénotypique sera vendu au prix de 28 000 euros pour une cure de huit semaines mais restera sur prescription uniquement hospitalière. Une condition que la Société française d'hépatologie (Afef) souhaite d'ailleurs voir évoluer au plus vite puisqu'elle recommande, dans un communiqué en date du 14 mars, « la mise en place d'un parcours de soins simplifié permettant une prise en charge de proximité des patients infectés par le VHC ». Elle estime donc qu'il est temps que le traitement du VHC soit « prescit par l'ensemble des médecins » et que les AAD soient « disponibles dans toutes les pharmacies ». Pour la société savante, le recours unique à un spécialiste n'est désormais justifié que dans des cas complexes (co-infection VHB, insuffisance rénale sévère, maladie hépatique sévère...).
Le 15 mars, enfin, Gilead annonce « avoir conclu avec le CEPS un accord rendant aujourd'hui possible un plan d'éradication de l'hépatite C en France » grâce à la mise à disposition des officine de ville de l'ensemble de ses traitements anti-VHC (Sovaldi, Harvoni, Epclusa et Vosevi). Le laboratoire confirme également que le prix public de la cure de douze semaines d'Epclusa, un AAD pangénotypique similaire au Maviret, « baissera de 33 % à date de publication au Journal officiel » et sera in fine de 28 000 euros. L'accord passé avec le CEPS prévoit en outre que « l'ensemble des prix des traitements de l'hépatite C de Gilead soit identique ».

Effet de seuil

Au milieu de ce tourbillon de bonnes nouvelles pour les patients, certains pharmaciens d'officine se sont toutefois inquiétés de la mise à disposition en ville de ces traitements très coûteux. Le fait que ces derniers puissent faire gonfler le chiffre d'affaires (CA) de certaines officines et les faire basculer dans la tranche supérieure au point de devoir réglementairement embaucher un adjoint pose effectivement question. C'est pour anticiper tout problème de cet ordre que Philippe Besset, vice-président de la FSPF, explique qu'une « réflexion est en cours avec la direction générale de l'offre de soins pour étudier comment adapter les règles du CA » à cette nouvelle situation. La proposition qu'il qualifie de « consensuelle » entre les syndicats serait ainsi « de ne retenir pour la comptabilité que la partie du CA qui déclenche la rémunération, à savoir les 1 500 euros ».

Par Benoît Thelliez

15 Mars 2018

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