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Dessine-moi une réforme des études

Alors que la direction générale de l'offre de soins vient de fixer un délai au 15 novembre, la réforme des études de pharmacie trouve petit à petit un consensus parmi les représentants de la profession.

© Miguel Medina

 

La réflexion sur la réforme des études de pharmacie est lancée depuis le début de l'année et, au vu des échanges qui ont animé la conférence de samedi après-midi au 69e Congrès des pharmaciens, un compromis pourrait se dessiner. Une bonne nouvelle lorsqu'on apprend que le temps commence à manquer. En effet, le doyen de la faculté de pharmacie de Nantes, Virginie Ferré, a révélé que Dominique Porquet, ancien président de la conférence des doyens de facultés de pharmacie et aujourd'hui responsable de sa communication, avait reçu la semaine dernière une lettre de mission de la directrice générale de l'offre de soins (DGOS) « nous demand[ant] d'aller vite »« Le délai a été fixé au 15 novembre », a commenté le lendemain Philippe Gaertner, président de la FSPF, lors d'une conférence de presse.

Un DES pour tous

Il va donc falloir mettre d'accord les parties prenantes, à savoir la FSPF, les doyens, mais aussi l'Association nationale des étudiants en pharmacie de France (Anepf) et l'Utip. Les deux premiers s'entendent sur un internat pour tous, soit un diplôme d'études spécialisées (DES). Si l'Anepf ne se montre « pas opposée à un allongement des études », il lui manque des réponses, a souligné Anthony Mascle, son président. Par exemple, sur l'idée d'intégrer des diplômes universitaires (DU) « qui durent quelques semaines et ne feront pas deux ans d'allongement en les cumulant », ou sur celle de former aux nouvelles missions et aux nouveaux médicaments. Aux yeux de la FSPF, ce sont pourtant trois DU qui paraissent être complémentaires à la formation initale actuelle du pharmacien : la cancérologie, le maintien à domicile et l'orthopédie. Auxquels pourraient encore s'ajouter le diplôme d'éducation thérapeutique du patient ainsi que du contenu sur l'interprofessionnalité. Philippe Denry,  président de la commission Formation professionnelle de la FSPF, pense en outre à intégrer les nouvelles missions, les sciences humaines et tout ce qui a trait à l'environnement professionnel. Pour Virginie Ferré, « un DES permettra de faire davantage de terrain » et le besoin semble criant. Quoi qu'il en soit, Anthony Mascle « ne voudrai[t] pas une réforme dans la précipitation, comme ce fut le cas de la première année commune aux études de santé (Paces) » et ajoute : « les années d'études, ça compte mais ça ne fait pas tout ».

Ne pas louper le coche

Certes, et peu importe aujourd'hui pour la FSPF le nombre exact d'années que contiendront ces futures études mais Philippe Denry rappelle, « en France, l'importance à la fois du diplôme et du niveau d'études universitaires. Car ce sont ces deux critères qui détermineront ce que la profession pourra obtenir, tant en termes de missions que de reconnaissance, de la part des tutelles ». En revanche, Virginie Ferré « ne veut absolument pas d'épreuves classantes nationales (ECN) », comme celles qui achèvent le second cycle des études de médecine ; ce « serait destructeur ». De son côté, le président de l'Utip Alain Guilleminot maintient être « très favorable à des études en huit ans. [...] Si la filière officine ne veut pas être dévalorisée, il ne faut pas louper le train »

Également invité à ce débat, Éric Henry, président du Syndicat des médecins libéraux (SML), a commenté : « Rallonger les études... Il y a un moment où pour aller au boulot il faut se jeter à l'eau. » Il va aussi falloir se jeter à l'eau pour trouver un consensus. « Nous devons faire les bons choix, tous ensemble, étudiants et profession », appelle de ses vœux Virginie Ferré.

Par Anne-Laure Mercier

22 Octobre 2016

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