Sur le papier, c’est génial : deux extraits de plantes, la pristimérine et le lupéol, issus respectivement d’une vigne sauvage et de la mangue, permettraient d’empêcher les spermatozoïdes d’entrer dans l’ovule. Ces molécules testées par des chercheurs de l’université de Berkeley (Californie) – deux triterpènes – présenteraient aussi l’avantage de ne pas « entrer dans la cellule » et donc de ne pas perturber l’expression génique, au contraire des contraceptifs stéroïdiens. Ce qui leur conférerait un profil d’effets secondaires très favorable, les doses utilisées pour cet effet contraceptif étant de surcroît beaucoup plus faibles que pour la progestérone, par exemple.
Recherche très fondamentale
Au départ de ce fol espoir, il y a, comme souvent, un article scientifique. Parue en avril dernier dans la revue américaine Proceedings of the National Academy of Sciences, sous le titre très peu accrocheur de « Regulation of the sperm calcium channel CatSper by endogenous steroids and plant triterpenoids », cette étude réalisée in vitro en est encore au stade de la recherche ultrafondamentale ! Le plus dur et le plus long restent maintenant à faire : rassembler des preuves cliniques de l’efficacité et de l’innocuité de cette méthode. « Il faudra attendre que nous ayons créé une start-up et récolté suffisamment de fonds pour finaliser la phase préclinique », nous a confié Polina Lishko, professeur assistante à l’université de Berkeley, un des auteurs de cette découverte. Ce n’est qu’après des tests en bonne et due forme sur l’homme que l’annonce d’une pilule miracle pourra être faite. On est encore très loin aujourd’hui de cette pilule « 100 % bio », sans effets secondaires et qui fonctionnerait « aussi bien sur les hommes que sur les femmes », telle qu’ont pu la décrire différents titres de presse grand public. À l’heure où le débat sur la pilule contraceptive vient d’être relancé par la sortie polémique du livre J’arrête la pilule (Les Liens qui libèrent) de la journaliste Sabrina Debusquat, il est donc utile de rappeler qu’il y a souvent un fossé entre une belle histoire et un vrai médicament.
intox !