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Pas touche à l’indépendance des pharmaciens !

Ce n’est pas un hasard si les Amphis de l’officine, qui se sont tenus le 25 mars dernier, ont porté sur l’indépendance de l’officine à travers le prisme des coopératives. Entre les craintes de financiarisation d’un côté et les menaces d’ouverture de capital de l’autre, la FSPF défend le bien-fondé du modèle français de la pharmacie d’officine.

La FSPF est attachée au modèle coopératif.DR

« Au moment où il y a de nouveau des bruits de bottes sur l’ouverture du capital », explique ­Philippe Besset, président de la FSPF, il est nécessaire de rappeler le haut niveau de sécurité garanti aux patients grâce aux trois piliers pharmaceutiques. Ainsi que les solutions à la main des pharmaciens lors d’un besoin de financement.
Car la menace est réelle. Bercy ne se cache pas de questionner les uns et les autres sur l’opportunité de libéraliser la vente de médicaments en ligne ou la possibilité d’ouvrir le capital des officines à des non-pharmaciens. Ces batailles ont pourtant déjà été menées – et gagnées par la profession – par le passé, mais les attaques se renouvellent. « Le juge européen a estimé que les pays avaient le droit de décider du niveau de sécurité dont ils veulent faire bénéficier leur population. C’est le principe de subsidiarité. Le plus haut niveau de sécurité choisi par la France pourrait être volontairement dégradé parce que certains pensent que cela permettrait de réduire le coût du médicament. Ce qui, du point de vue de la FSPF, est inexact », s’agace ­Philippe Besset.

Maillage en difficulté

Outre le monopole pharmaceutique et l’indépendance du pharmacien, le maillage est également menacé. « La loi de ­répartition démo-géographique garantit l’accès au médicament en tous lieux du territoire ­national en évitant des déserts pharmaceutiques. Ce pilier se trouve en difficulté du fait de l’état de l’économie de l’officine et la complexité pour le pharmacien en territoire rural d’exercer convenablement son métier », souligne le président de la FSPF. Reçu à la mi-mars pour la première fois par la nouvelle ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités, Catherine Vautrin, ­Philippe Besset est néanmoins rassuré par son positionnement défensif de la pharmacie à la française et de l’écoute dont elle bénéficie de la part du président de la République et du Premier ministre.

Environnement hostile

Pas question pour autant de baisser la garde, puisque le député Marc Ferracci, tout comme la Direction générale des entreprises (DGE), poursuivent leurs travaux en faveur de la déréglementation de l’officine. D’autant que, dans cet environnement hostile, apparaissent des inquiétudes sur un risque de financiarisation. En cause ? Des « montages financiers bizarroïdes », dénonce la Cnam, qui craint que les deniers de la solidarité nationale finissent dans les poches de fonds de pension et que le pharmacien rendu dépendant perde son éthique.
Pour y voir plus clair, la FSPF a réuni des acteurs ayant fait le choix du modèle ­coopératif. Un modèle cher au syndicat, né lui-même en 1878 de la volonté de pharmaciens de « construire une unité ­centrale pour fabriquer les médicaments pour tous les confrères », rappelle Philippe Besset. Si l’outil a prospéré du temps où l’industrie pharmaceutique n’existait que peu ou prou, il n’a pas survécu à la Grande Guerre. « Cela n’en reste pas moins l’ancêtre du système coopératif, soit une société ­détenue par des personnes qui se regroupent pour développer un projet pour tous sur le principe d’un homme = une voix. »

Financement éthique

Qu’ils soient avant tout un groupement – comme Giphar et Giropharm – ou une société de services telle Welcoop et Astera, ou encore une banque, à l’image du Crédit Agricole et d’Interfimo (filiale du LCL, lui-même filiale du Crédit Agricole), tous plébiscitent une structure appartenant à ses sociétaires. « On ne dépend pas d’un fonds de pension donc on jouit d’une totale liberté. Les pharmaciens sont à la tête de la coopérative et ils ont leur mot à dire », illustre Valérie Kieffer, présidente nationale de Giphar. Et tous ont des offres de financement réservées aux pharmaciens qu’ils garantissent sans risque pour l’indépendance des professionnels. « L’essence d’une coopérative, c’est la bonne santé de ses sociétaires, parce que si le sociétaire va mal, la coopérative est la première ­touchée », remarque Joffrey Blondel, directeur de la gestion officinale chez Astera. C’est sur cette réponse de financement éthique que Dominique Pautrat, président du directoire de Welcoop, veut faire reposer la réputation des coopératives : « Nous avons lancé le thème de la transaction éthique. Il faut un pacte de confiance des modèles coopératifs. »

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