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La déveine des veinotoniques

Dix ans après le déremboursement de ses spécialités, le marché des veinotoniques est toujours à la baisse. Malgré tout, quelques acteurs réussissent à tirer leur épingle du jeu.

Par Alexandra Chopard

Malgré un chiffre d’affaires (CA) de près de 130 millions d’euros, le marché des veinotoniques souffre puisqu’il est en baisse de 6,7 % (données Iqvia sur 12 mois à août 2018). Une habitude pour ce segment depuis le déremboursement de ses spécialités en 2008 : ce changement de statut a marqué durablement le marché. « Chaque fois qu’une classe de médicaments est déremboursée, les patients sont amenés à faire des choix dans leurs achats en pharmacie, essentiellement sur des critères économiques », rappelle Lauren Azoulay, responsable de la gamme Ginkor pour les laboratoires Tonipharm. Même analyse chez Servier : « Le déremboursement a entraîné un changement de perception de la maladie veineuse, qui est à présent considérée comme une maladie de confort, analyse Romain Marty, chef de gamme Daflon. Les prescriptions ont diminué et les patients se traitent moins. » L’exception à la règle ? Le traitement homéopathique Boiron – des granules d’hamamelis composé –, dont le CA a augmenté de 19,1 %, à plus de 10 millions d’euros (données Iqvia, sur 12 mois, août 2018). Impressionnant. En parallèle, la contention, également remboursée, voit son CA progresser mais dans une moindre mesure (voir encadré ci-dessous).

Mylan dans le vert

Dans ce contexte laborieux, un laboratoire s’en sort néanmoins plutôt bien. Mylan, avec sa dénomination commune internationale (DCI) fraction flavonoïque purifiée micronisée, est en progression : en août 2018, le CA de cette référence sur 12 mois représentait plus de 12,5 millions d’euros, en progression de 3,5 %. Certes, elle ne pèse pas encore autant que sa spécialité de référence, Daflon (Servier), dont le CA représente, sur la même période, plus de 33 millions d’euros, mais c’est une belle performance pour ce générique arrivé dans les linéaires depuis 2014 seulement. D’autant qu’il est moins distribué que Daflon et que sa DCI à rallonge ne favorise pas les demandes spontanées de la part des patients.

Politique de prix

Sur le podium des CA, c’est toujours la référence Daflon 500 mg qui tient le haut du pavé. Pour maintenir son hégémonie, le laboratoire a renoncé en 2016 à sa communication exclusive auprès des médecins : elle est à présent multicible, incluant pharmaciens et patients. La création, il y a un an, d’une seconde présentation (Daflon 1 000 mg) a réaffirmé son positionnement dans la prise en charge des hémorroïdes. Grâce à son plus petit conditionnement – 18 comprimés à 1 000 mg –, il affiche un prix plus attractif que sa version dosée à 500 mg (60 comprimés). Le conseil associé avec un topique s’en trouve facilité. Tonipharm, qui détient le deuxième meilleur CA avec Ginkor fort gélules en boîte de 60 comprimés, voit ses ventes reculer très faiblement (– 0,3 %). Un bon résultat qui ne surprend pas : le laboratoire a été pionnier en visant, dès 2009, le consommateur en plus du pharmacien, par des actions de communication, en lieu et place des traditionnelles visites médicales.

Des bas tirés vers le haut

Tandis que les veinotoniques oraux sont à la peine, les bas, collants et autres chaussettes de contention s’en sortent mieux. Sur un an (données Iqvia arrêtées à août 2018), leur chiffre d’affaires a ainsi augmenté de 2,37 %, pour atteindre un peu moins de 426 millions d’euros. De leur côté, les volumes croissent de 3,13 %. Un joli score qui devrait encourager les équipes officinales à faire connaître à l’ensemble de leur clientèle les innovations proposées par les fabricants de contention.

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