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Coopérative, modèle d’avenir

Il y aurait actuellement en France environ 15 000 pharmaciens sociétaires d’une (ou plusieurs) coopérative(s). Pourtant, le modèle reste mal connu.

Philippe Besset, entouré des pharmaciens à la tête des groupes Giropharm, Giphar et Welcoop.

De l’avis des pharmaciens impliqués, le modèle coopératif n’a pas pris une ride. « Cette idée, née au XIXe siècle, reste d’une modernité formidable », assure André-Paul Bahuon, expert-comptable et président du conseil de surveillance d’Interfimo. Société de financement créée en 1969 par les syndicats des ­professions libérales pour leurs membres, la coopérative est devenue filiale de LCL, lui-même désormais filiale du Crédit Agricole, mais reste placée sous l’égide de l’Union nationale des professions libérales (UNAPL). « C’est une banque qui est actionnaire principal, mais ce sont surtout 55 professions libérales actionnaires d’Interfimo qui sont à la tête du conseil de surveillance. Celui-ci est ­constitué de 20 membres dont 16 sont des professionnels libéraux comme des ­pharmaciens et 4 viennent de la banque. Donc le directoire, avec son président Olivier Mercier, met en œuvre la stratégie décidée par les professionnels libéraux. »

Tête pensante

Une organisation qui se retrouve dans toutes les coopératives. Chez Welcoop, le conseil de surveillance est constitué exclusivement de pharmaciens coopérateurs. « Il nomme le directoire, c’est-à-dire le top management des équipes opérationnelles », explique Jean-Pierre Dosdat, président du conseil de surveillance de La Coopérative Welcoop. « Dans une coopérative, la tête pensante, ce sont les pharmaciens », ­complète Valérie Kieffer, présidente nationale de Giphar, qui y voit un modèle démocratique idéal pour défendre l’indépendance de la profession. « La coopérative doit être vécue comme un facilitateur du métier de pharmacien », ajoute-t-elle, en citant pour l’exemple le statut de grossiste-répartiteur de Giphar qui « couvre 90 % des besoins de mon officine et évite tout surstockage. »

Valorisation de l’officine

Pour sa part, Giropharm se concentre sur les services. « C’est pour cette raison que j’ai rejoint le groupe il y a plus de 20 ans, affirme son PDG, Luc Priouzeau. Les adhérents retrouvent tous les bénéfices de la coopérative soit sous forme de services, soit en excédent de gestion. » Un fonctionnement qui n’est pas propre au groupement, selon Jean-Pierre Dry, président de la Fédération du commerce coopératif et associé (FCA) : « En général, une coopérative fait très peu de profits car elle redistribue tout à ses adhérents. »
À la différence de Giphar et Giropharm, dont le cœur de métier est le groupement de pharmaciens, Welcoop est d’abord une société de  services, construite autour d’une activité de grossiste-répartiteur dont elle a fait le choix de se séparer il y a 20 ans pour développer d’autres filiales. « Une décision stratégique qui a été prise par les pharmaciens sociétaires », relève le président de la FSPF, Philippe Besset. Jean-Pierre Dosdat confirme : « Nous comptons 4 000 pharmaciens sociétaires, mais au travers de nos filiales, nous nous adressons à environ 15 000 pharmacies et peut-être 20 000 professionnels de santé. » Welcoop possède en effet Equasens (informatique), Cristers (génériqueur), D Medica (MAD), Objectif Pharma (groupement), Marque Verte (dispositifs médicaux et parapharmacie), Pharm’Access (transactions et conseils), etc.
Un modèle séduisant. Mais qu’en est-il lorsqu’un sociétaire veut rendre ses parts, à l’occasion par exemple d’un départ à la retraite ? « La pharmacie est sociétaire, donc si les parts sont vendues à un nouveau titulaire, celui-ci peut choisir de rester chez Giropharm ; sinon, on rembourse les parts sociales, soit 120 euros », explique Luc Priouzeau. Même discours chez Welcoop : « Nous rendons la part coopérative qui est de 900 euros ; celle-ci ne change pas contrairement au dividende coopératif qui rémunère le sociétaire. » Pour le PDG de Giropharm, « cela montre bien que les groupements coopératifs travaillent pour la valorisation du fonds commercial de l’officine, et non pour la valorisation propre du groupement ».

« Coopéracteurs »

Les sociétaires sont-ils conscients qu’ils détiennent la coopérative et prennent les décisions stratégiques ? Cela ne fait aucun doute pour Valérie Kieffer puisqu’ils participent activement à la coopérative Giphar, tout comme pour Luc Priouzeau, qui considère les actionnaires comme des « coopéracteurs » : « Ils doivent prendre part à la vie de la société ; cela exige un investissement en temps et en hommes. » Jean-Pierre Dosdat fait la même analyse tout en reconnaissant que le modèle coopératif semble mal connu des non-coopérateurs. « Néanmoins, environ 15 000 pharmaciens sont sociétaires d’une ou plusieurs coopératives, soit plus de la moitié des titulaires. » 

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