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Philippe Besset

Président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France

© nicolas kovarik

Attention fragile !

Notre pays a besoin d’un maillage pharmaceutique fort. Non seulement pour faire face aux crises sanitaires, comme la pandémie de Covid-19 nous l’a appris, mais aussi pour maintenir un accès au médicament de proximité. C’est l’objectif du futur décret relatif aux territoires fragiles qui nous a été soumis récemment. La rédaction actuelle ne nous convient pas mais la concertation est en cours. 
Ce décret, qui ne doit pas détricoter le maillage actuel mais viser à définir ces zones où justement l’accès au médicament risque d’être remis en cause, nous permettra de négocier par la suite les aides financières ou les allègements réglementaires nécessaires à la survie des officines concernées. On pense bien sûr aux petites pharmacies installées dans des communes rurales, si utiles aux habitants qui n’ont pas toujours les moyens de se déplacer pour aller à la ville voisine chercher leurs traitements. Mais pas seulement. Il peut s’agir aussi de ces officines des quartiers dits « sensibles » dont la croix verte est bien souvent la dernière enseigne à rester allumée et dont la population est, elle aussi, confrontée à des diffi­cultés de transports. Sans compter que les déserts médicaux ne sont pas l’apanage des campagnes !

« Après deux années
exceptionnelles,
les revenus de l’officine
se dégradent. »

 Quoi qu’il en soit, dans un cas comme dans l’autre, nos confrères ont besoin d’être soutenus pour continuer à mener leurs missions de dispensation et d’accompagnement des patients. Il leur faut des moyens pour pouvoir embaucher du personnel et leur proposer des salaires dignes. Dans le cadre des futures négociations conventionnelles qui démarreront à l’automne, la FSPF propose d’ailleurs la création d’honoraires spécifiques pour venir en aide aux officines isolées dans certains territoires. Nous demandons surtout une revalorisation de 0,80 euro des honoraires à l’ordonnance pour compenser l’inflation. Car, au-delà de ces pharmacies, c’est tout le réseau officinal qui a besoin d’une bouffée d’oxygène à l’heure où l’ensemble de nos indicateurs économiques sont dans le rouge. 
Après deux années exceptionnelles, les revenus de l’officine se dégradent et notre réseau se fragilise. Pour le préserver et continuer à garantir un accès aux soins de qualité sur l’ensemble de l’Hexagone, nous avons besoin d’un investissement de l’Assurance maladie d’au moins 750 millions d’euros. Cela nous permettra de maintenir une juste rémunération pour les titulaires mais aussi de répondre favorablement aux demandes d’augmentation légitimes de nos salariés confrontés à un niveau record de l’inflation.

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