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Philippe Besset

Président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France

© MIGUEL MEDINA

Anciens et Modernes

À en croire l’Autorité de la concurrence, comme on peut le lire dans notre interview de sa présidente, Isabelle de Silva (voir « On peut avoir une démarche mesurée »), il y aurait ceux qui sont favorables aux évolutions et les autres, ceux qui disent « Touche pas à mon modèle. » L’instance veut, en quelque sorte, rejouer la querelle des Anciens contre les Modernes. 
Il faut être clair : non, la financiarisation de la santé n’est pas un signe de modernité, ni l’ubérisation de l’officine, ni davantage l’affaiblissement de la sécurité de la dispensation des médicaments.

« La modernité,
c’est défendre
un service
pharmaceutique
de proximité. »

Au contraire, s’inscrire dans la modernité, c’est défendre l’indépendance financière des pharmaciens titulaires, défendre un service pharmaceutique de proximité et de qualité et défendre la sécurité de la dispensation. Penser que l’on peut remettre en cause les principes fondamentaux de la pharmacie française pour redonner du pouvoir d’achat aux Français est insensé, alors même que ces principes ont été édictés dans l’intérêt des patients et que les prix des médicaments conseil vendus dans nos officines sont de très loin inférieurs à la moyenne européenne, n’en déplaise aux associations de consommateurs. Certes, les prix ont augmenté, mais pas la marge des pharmaciens. Ce qui a progressé, ce sont surtout les taxes qui ont pratiquement doublé en dix ans et les prix des industriels qui ont progressé de plus de 20 % sur la période. 
Les pharmaciens n’ont pas attendu l’Autorité de la concurrence pour évoluer. En dix ans, l’exercice officinal s’est considérablement transformé avec la mise en place des nouvelles missions et l’introduction des honoraires dans la rémunération. Nous devons en être fiers. La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, le sait et n’a pas hésité à prendre position contre la vente de médicaments dans les supermarchés, tout comme ces dix-sept députés qui affirment que « la vente de médicaments ne doit pas être considérée comme un marché de simples objets de consommation et que le maillage territorial est particulièrement crucial dans les territoires de santé ruraux comme urbains ». Nous avons aussi reçu le soutien d’autres professionnels de santé et celui, plus inattendu, de la Cour des comptes qui, après avoir prôné la disparition de la moitié des officines en 2017, complimente aujourd’hui les pharmaciens pour la densité et la proximité de leur réseau qui en font le premier échelon de l’accès aux soins. Qui sont les Modernes ?

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