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Sur les couches, des bébés mal couchés : info ou intox ?

Les paquets de couches affichent des bébés voluptueusement endormis. Mais ces images, certes adorables, sont-elles anodines ?

Sur les paquets de couches, des anges… en danger.© adobestock_oksana_kuzmina

S’il y a bien des visuels auxquels sont exposés quotidiennement les parents de tout-petits, ce sont ceux de bébés endormis comme des bienheureux sur les paquets de couches ! Des photos montrant des bambins assoupis sur de douillettes couettes ou lovés contre un doudou, voire un papa, qui n’ont pourtant rien de sages aux yeux de chercheurs de l’Inserm ainsi que d’enseignants de l’université Paris Cité et de HEC Paris. En collaboration avec l’AP-HP, le CHU de Nantes et d’autres structures européennes, ils ont systématiquement passé en revue les images ornant les paquets de couches vendus dans 11 pays européens, dont la France, pour les bébés de moins de 5 kg, les plus à risque de mort subite. Car c’est bien cela qui inquiète ces scientifiques !

« Nécessité d'actions »

La méthode de l’équipe, qui a publié dans The Journal of Pediatrics de septembre 2023, est rigoureuse. Pour chaque emballage identifié, les données suivantes ont été extraites : y avait-il une image représentant un bébé ? Si oui, dormait-il ? Et le cas échéant, était-ce en conformité avec trois des sept recommandations de prévention de mort subite ? Des analyses statistiques ont ensuite été réalisées à partir des données obtenues dans chaque pays pour fournir des taux de non-conformité du couchage aux recommandations de prévention. Résultats : sur les 631 emballages identifiés, 49 % montraient un bébé endormi. Et 79 % de ces paquets représentant un bébé assoupi – soit 39 % de l’ensemble – étaient en inadéquation avec au moins une recommandation. 
On observe ainsi un bébé endormi sur le ventre – position identifiée comme le facteur de risque majeur de mort subite dès les années 1990 – sur 45 % des paquets, avec une literie ou un objet mou (oreiller, peluche, peau de mouton...) sur 51 %, ou partageant la surface de couchage avec une autre personne sur 10 %. « Ces résultats suggèrent la nécessité d’actions de la part des fabricants et des législateurs pour empêcher cette exposition à des images non conformes aux recommandations afin de prévenir des pratiques de couchage dangereuses », juge Martin Chalumeau, épidémiologiste à l’Inserm et coauteur.

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Par Hélène Bry

8 Décembre 2023

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