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La télémédecine veut transformer l'essai

La téléconsultation ayant explosé durant le confinement, les acteurs revendiquent désormais un élargissement du remboursement.

© adobestock_momius

Après l'ef­fort de guerre, le bi­lan des opé­ra­tions. L'as­so­cia­tion Les en­tre­prises de té­lé­mé­de­cine (LET), qui re­pré­sente les ac­teurs du sec­teur, vient de publier les résultats d’une étude réalisée au plus fort de l’épidémie de Covid-19. « Cette pé­riode du confi­ne­ment, conju­guée à la crainte d'une conta­mi­na­tion dans les struc­tures clas­siques de mé­de­cine, a per­mis de mettre en évi­dence la pra­tique de la té­lé­mé­de­cine au­près d'un pu­blic plus large et non ini­tié », sou­ligne l'as­so­cia­tion, qui es­time que pen­dant le confi­ne­ment, il y a eu « entre 10 et 15 fois plus de té­lé­con­sul­ta­tions réa­li­sées par rap­port au mois de fé­vrier ». En toute lo­gique, elle mi­lite donc pour « une gé­né­ra­li­sa­tion de la té­lé­mé­de­cine en France », no­tam­ment via l'élar­gis­se­ment de l'ave­nant n° 6 à la conven­tion mé­di­cale. Du côté de la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam), on confirme l’engouement puisque 4,52 mil­lions de téléconsultations ont été en­re­gis­trées pour le seul mois d'avril, contre en­vi­ron 25 000 en dé­cembre 2019 : « Un tel dé­ploie­ment des té­lé­con­sul­ta­tions a été rendu pos­sible par un as­sou­plis­se­ment ré­ac­tif du cadre [et] une prise en charge à 100 % », souligne-t-elle.

La Cnam prône certains assouplissements

Fort de ce constat, la Cnam vient de formuler trois pro­po­si­tions pour « pour­suivre le dé­ploie­ment de la té­lé­mé­de­cine dans un cadre res­pec­tueux de la prise en charge ». La pre­mière évoque une pro­lon­ga­tion « pour une du­rée li­mi­tée » de la prise en charge à 100 % des té­lé­con­sul­ta­tions. Une or­don­nance pu­bliée le 18 juin au Journal officiel pro­longe en ef­fet cette prise en charge in­té­grale des actes de té­lé­mé­de­cine « jus­qu'à une date pré­ci­sée par dé­cret, au plus tard jus­qu'au 31 dé­cembre 2020 ». Par ailleurs, elle préconise un « as­sou­plis­se­ment maî­trisé » de cer­taines règles po­sées par l'ave­nant n° 6 sur la règle du « déja vu ». La ré­gle­men­ta­tion pré­voit en ef­fet que le pa­tient ait vu son mé­de­cin en pré­sen­tiel au moins une fois dans les douze der­niers mois. « S'il ne s'agit pas de re­ve­nir sur les prin­cipes de ce dis­po­si­tif, il pour­rait être en­vi­sagé que des té­lé­con­sul­ta­tions puissent être prises en charge quand bien même au­cune consul­ta­tion pré­sen­tielle ne se­rait in­ter­ve­nue dans les douze der­niers mois », explique la Cnam. Enfin, elle se prononce pour un « main­tien tran­si­toire » des actes de té­lé­soins créés de ma­nière dé­ro­ga­toire dans le cadre de la crise, pour les or­tho­pho­nistes, les sages-femmes, les in­fir­miers, les mas­seurs-ki­né­si­thé­ra­peutes et, bien entendu, les phar­ma­ciens. 

Élargir les modalités de remboursement

Il y a donc, clai­re­ment, un avant et un après Co­vid-19 pour la té­lé­mé­de­cine, et les ac­teurs du sec­teur ne manquent guère d'ar­gu­ments pour se faire en­tendre. LET in­siste sur le fait que « près de 30 % des té­lé­con­sul­ta­tions réa­li­sées » l'ont été « hors par­cours de soins du­rant la pé­riode du confi­ne­ment » et « sou­haite ins­crire l'en­semble des mo­dèles de té­lé­con­sul­ta­tion dans les par­cours de soins des pa­tients » et donc leur « per­mettre de bé­né­fi­cier d'une prise en charge par la Sé­cu­rité so­ciale ».

Par Hélène Bry

3 Juillet 2020

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