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Ce que nous dit la science (pour l'instant)

Résumé des connaissances scientifiques actuelles sur l'épidémie de Covid-19 en quatre points.

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1. Un virus d'origine naturelle

N'en déplaise aux complotistes, le coronavirus SARS-CoV-2 ne s'est pas échappé d'un laboratoire militaire secret sur le dos d'une chauve-souris. Une étude qui vient de paraître dans la revue Science révèle en effet que la structure du virus ne relève en rien d'une manipulation humaine ou d'une quelconque ingénierie. Après avoir étudié le mécanisme protéinique totalement original utilisé par le virus pour entrer dans la cellule par rapport à celui des autres coronavirus connus jusque-là, les chercheurs en ont conclu qu'il ne pouvait être que le fruit d'une mutation naturelle. Par ailleurs, pour couper court aux fake news circulant sur les réseaux sociaux lui imputant la création de ce virus, l'Institut Pasteur a tenu à clarifier les choses en rappelant que « le brevet déposé en 2004 concernait bien le SARS-CoV-1 (responsable de la maladie dite “SRAS” en 2002-2003), qui est très différent de SARS-CoV-2 (responsable de la maladie dite “Covid19” en 2019-2020) ». Un brevet « qui décrit la découverte du virus puis l'invention d'une stratégie vaccinale contre ce virus, et NON l'invention du virus lui-même », précise l'institut.

2. Le Covid-19 n'est pas une « grippette »

Quatre membres du conseil scientifique installé par l'exécutif pour éclairer la décision publique dans la gestion de la crise ont explicité, le 17 mars, plusieurs données épidémiologiques et cliniques les ayant mené à considérer que les dernières mesures qui ont été prises étaient les plus adéquates. Son président, le professeur Jean-François Delfraissy a ainsi indiqué que le temps de doublement du nombre de cas sur le territoire s'était considérablement accéléré, passant de 4-5 jours il y a deux semaines à 2,8 jours actuellement. Autre élément inquiétant, le nombre de formes graves qui s'établit autour de 10 % des cas dépistés. De son côté, le chef du service de maladies infectieuses de l'hôpital Bichat (Paris), Yazdan Yazdanpanah, a confirmé que le Covid-19 n'avait rien d'une grippe classique eu égard à la proportion importante de patients à intuber et à la durée d'hospitalisation en réanimation pouvant aller jusqu'à trois semaines.

3. L'hydroxychloroquine pourrait être un traitement efficace, mais prudence !

Le ministre de la Santé, Olivier Véran, a précisé le 18 mars que les résultats prometteurs obtenus à l'Institut hospitalo-universitaire méditerranéen (Marseille) avec l'hydroxychloroquine devaient être confirmés. Le problème est que cet essai clinique coordonné par le professeur Raoult a été conduit sans randomisation et sur une cohorte de patients trop petite selon les standards de validité scientifique requis. Cependant, la piste devant être explorée, Olivier Véran a donné l'autorisation pour qu'un essai clinique de plus grande ampleur et réalisé par d'autres équipes puisse démarrer le plus rapidement possible. Il est à noter que le centre antipoison de Paris diffuse en ce moment un message sur les réseaux sociaux rappelant que « la chloroquine est extrêmement toxique même à faible dose chez l’enfant en bas âge et peut entraîner des effets indésirables graves chez l’adulte ». Il est bon de rappeler ce message au comptoir.

4. Les 20-29 ans seraient les plus infectés d'après les données sud-coréennes
Le professeur Eric Feigl-Ding, épidémiologiste à Harvard, a publié les résultats comparés des cas de coronavirus dépistés par tranches d'âges en Corée du Sud et en Italie (voir graphique ci-dessous). Il révèlent que les 20-29 ans représentent près d'un tiers des personnes infectées en Corée du Sud, pays où la stratégie de dépistage biologique ne s'est pas uniquement portée sur les personnes symptomatiques comme c'est par exemple le cas en Italie. Une donnée des plus intéressantes qui expliquerait en partie la vitesse de circulation du virus puisque les plus infectés, souvent pas ou paucisymptomatiques, seraient donc les jeunes adultes, la frange de la population la plus active, la plus mobile et la plus sujette aux interactions sociales.

Par Benoît Thelliez

18 Mars 2020

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