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De bonnes bases pour la nouvelle convention

Les pouvoirs publics ont reconnu à l’occasion du 69e Congrès national des pharmaciens la dégradation de l'économie officinale et ouvrent la porte à de nouvelles pistes pour diversifier la rémunération.

Nicolas Revel, au 69e Congrès des pharmaciens, à Nantes le 22 octobre.© Miguel Medina

 

Garantir la rémunération de l'officine dans un contexte où le médicament ne cesse de subir des baisses de prix : telle est la difficile équation que va devoir résoudre la nouvelle convention pharmaceutique, dont les négociations s’ouvriront « dans la deuxième quinzaine de janvier », a indiqué Nicolas Revel, directeur général de la Caisse nationale de l'assurance maladie des travailleurs salariés (Cnamts). D’emblée, le haut fonctionnaire a tenu à faire part de sa compréhension des préoccupations de la profession : il a reconnu que « l’économie officinale a objectivement, depuis quelques années, été mise à l’épreuve ». Une entrée en matière qui a été particulièrement applaudie par l'auditoire, certains participants qualifiant même de « belle honnêteté » le franc-parler du représentant de l’Assurance-maladie.

Plus qu’une reconduction

Le premier enjeu de cette convention sera donc, pour Nicolas Revel, « de désensibiliser l’économie officinale des effets secondaires des baisses de prix, car il n’y a pas de raison que ce secteur soit une victime collatérale de décisions qui ne le concerne pas directement ». S’il s’agira bien, pour l’Assurance maladie, de poursuivre sa quête d’économies – une tendance de fond observable dans tous les pays d’Europe –, il sera nécessaire d’axer davantage sur les volumes via « la justesse du soin et de la prescription, l’efficience des parcours et l’observance », plutôt que sur les baisses de prix, a estimé le directeur général de la Cnamts. Pour autant, il n’est pas question, a-t-il prévenu, de renouer avec l’époque où le chiffre d’affaires officinal progressait de 4 à 5 % par an. Il ne s’agira pas non plus de se limiter à « prolonger les traits » de ce qui a déjà été mis en place : ainsi, l’honoraire sera amené à « évoluer,  y compris dans son mécanisme qui ne sera probablement pas lié à la boîte », a affirmé le directeur général. « Heureusement qu'il y a eu cet avenant [sur l'honoraire, NDLR] ; il a contribué à faire que les choses se passent moins mal que s'il n'y avait pas eu cette évolution », a-t-il ajouté. Parmi les autres « pistes d’avenir » possibles, il a également évoqué l’accompagnement des patients via les entretiens – à assouplir –, ou encore des « idées » autour des patients en affection longue durée (ALD).

Assurance tous risques

S’exprimant à son tour sur les enjeux des négociations à venir, Philippe Besset, vice-président de la FSPF, a rappelé que l’objectif national de dépenses d’assurance maladie (Ondam) pour les médicaments de ville était « le seul poste en négatif », fixé à «  – 0,5 % depuis deux ans ». Aussi l’une des principales requêtes du syndicat lors des négociations conventionnelles sera d’obtenir la garantie « sur cinq ans d’un taux d’évolution [de l’Ondam, NDLR] positif ». Cette demande sera-t-elle satisfaite ? Rien n’est moins sûr : s’engager sur une rémunération qui évoluerait avec certitude en fonction d’un pourcentage fixe tous les ans serait du « salariat », a en effet immédiatement rétorqué Nicolas Revel. Autre demande qui sera aussi portée par les représentants de la profession : la création d’un honoraire par ordonnance à deux étages, avec un socle de base (pour les missions générales de tenue du dossier du patient) et des majorations pour les dossiers complexes, quand le patient est atteint d’une maladie chronique, est âgé, dans le cas de traitements difficiles à dispenser ou de certaines prescriptions hospitalières. Pour Philippe Besset, les intentions de la FPSF se résument ainsi : « après la convention de 2012, qui a été une convention de transformation de la rémunération du pharmacien pour l’entraîner d’une activité de commerce à une activité de prestations de services, nous voulons une convention d’investissement dans l’avenir des soins de ville ». Autrement dit, un texte que l'Assurance maladie devra accompagner d'un financement pour la profession. Rendez-vous en janvier.

Par Claire Frangi

22 Octobre 2016

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