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Philippe Besset

Président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France

© nicolas kovarik

Le chaud et le froid

En ce début du mois de novembre, la nouvelle convention continue de se mettre en place. Ce nouveau contrat avec l’Assurance maladie étend encore les compétences des pharmaciens et renforce leur place dans la prévention. Au fil du temps, les officinaux deviennent des acteurs clés du système de soins. Et comme l’a laissé entendre le ministre de la Santé, François Braun, lors du lancement du volet santé du Conseil national de la refondation, l’histoire n’est pas finie. Une preuve de la confiance des pouvoirs publics dans nos compétences.

« Il y a des
économies qui
peuvent
coûter cher. »

Alors, c’est avec un grand étonnement que nous avons découvert cette mesure scélérate cachée dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2023, le référencement de médicaments. En fait, il ne s’agissait ni plus ni moins que d’offrir la possibilité au Comité ­économique des produits de santé (CEPS) de lancer des appels d’offres annuels et de choisir le ou les laboratoires avec lesquels nous devions travailler. L’objectif était de ne plus rembourser qu’un seul médicament au sein d’une même classe ­thérapeutique. Sans se soucier de l’impact qu’une telle mesure aurait sur l’observance des traitements de nos patients, sur les pénuries d’approvisionnement et sur l’équilibre de nos entreprises. D’après nos estimations, cette disposition entraînerait pas moins de 50 000 euros de perte par pharmacie et par an avec, à la clé, la disparition de nombreuses officines de proximité, voire d’une grande partie du réseau tout court.
Face à cette menace, la FSPF s’est immédiatement mobi­lisée. Nous sommes ­restés fermes et avons dit non à l’expé­rimentation proposée par le ministre. Et nous avons gagné ! La mesure a été retirée du PLFSS et, en lieu et place de ce passage en force, des discussions devant aboutir à un rapport seront menées au cours des prochains mois, avec toutes les parties ­prenantes. Mais le gouvernement ne peut ­souffler le chaud et le froid : d’un côté, nous confier de nouvelles missions notamment pour pallier le manque de médecins et de l’autre, organiser des déserts pharmaceutiques. Si l’on peut comprendre sa volonté d’améliorer les comptes de la Sécurité sociale, cela ne saurait se faire au détriment des patients et des professionnels. Il y a des économies qui peuvent coûter cher !

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