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Philippe Gaertner

Président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France

© Miguel Medina

L’autre face de la réalité

Que les pharmaciens soient classés avec les autres commerçants, pourquoi pas ? Nous sommes aux yeux de la loi aussi commerçants que nous sommes professionnels de santé, c’est le paradoxe et l’honneur de notre profession. Qu’il soit acté qu’en moyenne, et malgré de grandes disparités, nos revenus sont supérieurs à ceux des boulangers ou des bouchers, soit. Les pharmaciens font a minima six années d’études pour exercer et ils perçoivent des revenus cohérents avec leur niveau de formation. Nous l’assumons donc. Le problème vient d’ailleurs. Quand une émission comme Capital est diffusée en prime time et qu’elle suscite autant de réactions parmi les pharmaciens, la raison en est simple : c’est que l’immense majorité d’entre nous ne se reconnaît absolument pas dans le portrait type que M6 a voulu dessiner. 

« Nous ne passerons jamais à la télévision pour une délivrance bien menée. »

Les pharmaciens recherchent une légitimité que les médias ne leur décernent pas parce qu’ils vont toujours taper à la porte d’une catégorie bien précise d’officines. Appelez-les comme vous voulez – 3.0, low cost, discounter, drive… –, peu importe. Ils appartiennent à une profession au sein de laquelle ils sont minoritaires… et ils ont certainement la faveur de consommateurs qui les regardent se disputer des parts de marché à coup de merchandising ou d’innovations marketing. C’est d’ailleurs la preuve que, malgré ce qu’on entend ici et là, s’exerce dans la profession une concurrence sur les prix et les services. Mais il existe également un autre pan de notre métier, assurément moins médiatique mais tout aussi important : notre implication quotidienne auprès des patients. Il faut être clair : si les bien-portants regardent, il est vrai, les prix de l’OTC et comparent les officines entre elles, toutes les personnes malades que j’ai pu rencontrer sont attachées à leur pharmacien. Pourquoi ? Parce qu’elles en sont proches et que ce dernier se tient à leurs côtés au jour le jour. Alors, certes, nous ne passerons jamais à la télévision pour une délivrance bien menée, un tiers payant intégral et sans anicroches, un entretien anticoagulant efficace ou un conseil parfaitement adapté à la situation… Pour cela, nous n’avons qu’une récompense, la confiance de nos patients.

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