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La vaccination, le cœur du réacteur

La vaccination à l’officine était au programme de la deuxième étape du Tour de France de la convention, le 10 octobre, à Marseille.

Par Paul Kristoff

De gauche à droite : Arnaud Chéret (Moderna) en compagnie de Philippe Besset, Félicia Bibas-Ferrera, Frank Basque, Alexandra Gaertner et Valérie Ollier-De Lecluse (FSPF).

« Nous avons su montrer notre rôle indispensable durant la crise Covid », affirme Valérie Ollier-De Lecluse, présidente du syndicat des pharmaciens des Bouches-du-Rhône et titulaire à Marseille qui accueillait la deuxième étape du Tour de France de la convention. Si, selon elle, les patients n’ont pas été étonnés de l’implication des pharmaciens, les hommes et femmes politiques ont quelque peu découvert la profession. « On ne va pas se faire oublier, nous allons continuer et nous n’allons pas les décevoir », lance-t-elle. À condition toutefois que les nouvelles missions confiées aux officinaux bénéficient d’une « rémunération juste ».

Nouvelles compétences

La nouvelle convention élargie justement les compétences des pharmaciens. « La première portait essentiellement sur le tiers payant », rappelle Alexandra Gaertner, responsable du programme de formation pour les adhérents au sein du bureau national de la FSPF. Tandis que la deuxième permettait la transformation économique avec l’introduction d’honoraires mais ­aussi l’arrivée des nouvelles missions, la nouvelle convention est davantage axée sur l’aspect métier et « replace le pharmacien au centre du système de soins », indique Alexandra Gaertner. Avec un volet prévention ­renforcé notamment dans le domaine de la vaccination. « C’est le cœur du réacteur de cette convention », estime Philippe Besset, président de la FSPF. Outre la grippe saison­nière, les pharmaciens ont en effet désormais la possibilité de vacciner contre la diphtérie, le tétanos, la poliomyélite, la coqueluche, les papil­lo­ma­virus humains, les infections invasives à pneumocoque, les virus des hépatites A et B, les méningocoques de sérogroupes A, B, C, Y et W, ainsi que la rage. Depuis le 7 novembre dernier, l’administration de ces vaccins à l’officine est prise en charge par l’Assurance maladie. La rémunération est désormais de 7,50 euros lorsque la personne à vacciner se rend à la pharmacie après avoir reçu un bon de l’Assurance maladie ou munie de la prescription de son médecin. À partir du 1er janvier 2023, comme le prévoit le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2023, la prescription de vaccins par les officinaux sera elle aussi remboursable et, comme le stipule la convention, les honoraires s’élèveront à 9,60 euros.

Convaincre et rassurer

Pour le professeur Philippe Brouqui, l’élargissement des compétences des pharmaciens en matière de vaccination est une très bonne chose, la France ayant besoin d’améliorer la couverture vaccinale contre certaines pathologies. Et l’infectiologue à l’hôpital de la Timone à Marseille de citer notamment la prévention contre les pa­pilloma­­­vi­rus ou le pneumocoque. Mais la détection des patients cibles ne sera pas forcément aisée à l’officine, relève-t-il. « Il va falloir trouver du temps, convaincre les personnes du bien-fondé de la vaccination et les rassurer, c’est un discours qu’il faut apprendre », explique-t-il. Quant à la prescription de vaccins, « ce n’est pas un geste anodin et vous devrez en prendre la responsabilité », prévient-il, tout en relativisant : « Le vaccin est l’un des plus sûrs de tous les médicaments », les effets secondaires graves étant extrêmement rares. « Lorsque vous dispensez de l’aspirine ou du paracétamol, le risque que les patients fassent un effet secondaire est 100 fois plus élevé qu’avec un vaccin », souligne-t-il. Philippe Besset compte, lui, sur la plateforme « Mon espace santé » et le développement des logiciels métier ­certifiés « Ségur » des praticiens pour ­assurer la traçabilité des actes vaccinaux des patients. « Chacun saura quel est l’état vaccinal de la population dont il a la charge », indique le président de la FSPF. 

 

Avec le soutien de Moderna.

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