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Sous le feu des critiques, le candidat des Républicains est finalement revenu sur l'idée d'un moindre remboursement du petit risque. Des atermoiements qui auront eu le mérite de voir ses opposants se positionner, à leur tour, sur le sujet.

Rétropédalage, reculade, volte-face, estiment les opposants de François Fillon, candidat Les Républicains à l'élection présidentielle de 2017. Caricature, mauvaise compréhension, rétorquent ses partisans. On pourra qualifier la manœuvre comme on le veut, toujours est-il que le programme santé de François Fillon a bel et bien changé. Exit les notions de « petit risque » et de « médicament de confort » – qu'il n'a certes jamais définies précisément – évoquées lors de l'ultime duel télévisé de la campagne de la primaire de la droite et du centre contre Alain Juppé fin novembre. Sa proposition de « focaliser » l'Assurance maladie « sur des affections graves ou de longue durée et l'assurance privée sur le reste » a également disparu de son programme de campagne, mis en ligne sur son site.

Polémique

Car le souhait de réforme de la prise en charge des soins version François Fillon a déclenché une véritable polémique. Dans un sondage Harris Interactive réalisé du 6 au 8 décembre, les Français ont estimé à 38 % que la mesure qui consistait à laisser le financement du risque léger aux complémentaires « ne devait pas être mise en œuvre ». Inquiets, des médecins ont, de leur côté, lancé en début de semaine une pétition qui a recueilli à ce jour plus de 6 500 signatures, appelant le futur président de la République à « garantir pour le prochain quinquennat le niveau actuel de remboursement des soins par la Sécurité sociale »
Afin de tenter de clore le débat, François Fillon, en prenant le contrepied de ses premières propositions, a alors déclaré : « Non, je ne veux pas distinguer gros et petit risque mais, oui [...], je veux mieux articuler les rôles de l'Assurance maladie et des complémentaires. » Il a par ailleurs, dans une tribune publiée le 13 décembre dans Le Figaro, affirmé que son programme n'avait pas pour objectif de « moins bien rembourser les soins » mais au contraire d'« assurer le meilleur remboursement », notamment des soins dentaires et optiques. À la question de savoir si des remboursements seraient transférés vers les assurances privées, son porte-parole, Jérôme Chartier, a répondu que la réponse était non. 

Engagements

Profitant de cette brèche, les autres candidats à la présidentielle se sont à leur tour positionnés sur le sujet. L'ancien ministre de l'Économie, Emmanuel Macron, a ainsi promis que « pendant les cinq ans, pas un seul soin utile ne sera déremboursé ». Sans pour autant préciser ce qu'il entendait par « utile ». La présidente du Front national, Marine Le Pen, s'est « engagée à ne pas réduire la prise en charge des soins par l'Assurance maladie » et s'est dite opposée à « la privatisation des dépenses de soins ». Benoît Hamon, candidat à la primaire de la gauche, a suggéré de « remettre l'Assurance maladie au cœur du financement de certains soins aujourd'hui négligés, notamment les soins dentaires », et prône une « approche rigoureuse sur les médicaments de confort, [...] là où le bénéfice de santé est marginal ». Rama Yade, candidate du mouvement La France qui ose, s'est, elle, exprimée en faveur d'une généralisation du système d'Alsace-Moselle, à savoir un relèvement du taux de remboursement de 70 à 90 %, et d'une réduction du poids des mutuelles. 
Le seul mérite de cette polémique aura peut-être été de propulser le thème de la santé au cœur des débats de cette présidentielle. Mais considérer la santé uniquement à l'aune des remboursements n'est-il pas un brin réducteur ?

Par Claire Frangi

16 Décembre 2016

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