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Prix figés pour les gels hydroalcooliques

Toutes les solutions hydroalcooliques doivent être vendues, fût-ce à perte, aux tarifs fixés par le décret entré en application le 6 mars.

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Avec l'épidémie de covid-19, la demande en gels hydroalcooliques (SHA) a connu une augmentation massive ces dernières semaines. La pénurie s’installant, les tarifs se sont affolés pour parfois atteindre des niveaux abusifs, comme le relevait le 3 mars le ministre de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire : « Des informations me sont remontées indiquant que le prix des gels aurait doublé ou triplé dans certains commerces physiques ou en ligne », a-t-il déclaré, jugeant « inacceptable et pour tout dire révoltant qu'il y ait la moindre spéculation économique sur le coronavirus ». Ces constatations ont poussé le gouvernement à légiférer sur le sujet. Pour « protéger les consommateurs contre les risques induits par une situation manifestement anormale du marché », un décret est paru le 6 mars, précisant les prix maximums de vente des différents conditionnements de ces gels désinfectants. Il fixe également les tarifs maximums à appliquer par les laboratoires à destination des revendeurs. Son application court jusqu'au 31 mai 2020. Si l'on comprend aisément la nécessité de réguler le marché, la question de la vente à perte se pose pour les pharmaciens ayant passé commande de solutions désinfectantes ces derniers jours, tant les conditions financières proposées alors par les laboratoires étaient peu avantageuses. D’après la FSPF, le grossiste-répartiteur ou fabricant est tenu de proposer une facture tenant compte des nouveaux tarifs règlementés pour les commandes passées mais pas encore honorées (c’est-à-dire la majorité d’entre elles). Pour les produits déjà en stock, le syndicat recommande d’en réaliser un inventaire en vue d’une indemnisation des ventes à perte provoquées par cet encadrement des prix.

SHA fait maison

Un retour à des tarifs plus raisonnables est donc acté… mais encore faudrait-il que des stocks soient disponibles, comme le relevait, le 3 mars, Philipe Besset, président de la FSPF, sur BFMTV : « Nous sommes très favorables à l’encadrement des prix des gels hydroalcooliques, mais ce n’est pas le sujet. Le sujet c’est qu’il n’y en a pas […]. » Et le président de la FSPF de pointer l’interdiction actuelle de fabrication par les officines de ces solutions, faute d’inscription de la formule au Formulaire national de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). Les pharmaciens empêchés d’exercer leur art ? Un comble, alors que fleurissent, de magasins bio en forums internet, des recettes plus ou moins fantaisistes pour confectionner des ersatz de SHA à base d’aloe vera, de vodka et d’huiles essentielles dont de la menthe poivrée, bien loin donc de la formule validée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). D’après l’Ordre des pharmaciens et la FSPF, une modification de la réglementation est sur le point d’être actée. Elle permettrait aux officinaux de répondre, au moins partiellement, aux demandes pressantes du grand public.

Par Alexandra Chopard

6 Mars 2020

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