Avant que se succèdent à la tribune des poids lourds du monde sanitaire tels que Thomas Fatôme, le directeur général de la Cnam, Yannick Neuder, le rapporteur général du budget de la Sécurité sociale ou encore François Braun, l'ex-ministre de la Santé, c'est l'actuelle locataire de l'avenue Duquesne, Geneviève Darrieussecq, qui a répondu au discours introductif du président des LDS, Philippe Besset. Cette journée de travail placée sous le signe de la réflexion collective autour d'enjeux de taille comme le PLFSS pour 2025, l'avenir de la négociation conventionnelle ou encore le devenir de l'Aide médicale de l'État (AME) et des contrats responsables s'est ouverte par un état des lieux de notre système de santé et le constat de sa constante dégradation, tendance dont les LDS pensent qu'il est encore possible d'inverser le cours par « actions audacieuses, cohérentes et collectives ».
Sortir des PLFSS budgétaires
Comme l'a rappelé celui qui est également président de la FSPF lors de son Live hebdomadaire, « le consensus de l’ensemble des acteurs est de dire qu’il faut faire une réforme du système sanitaire qui aboutira à une loi de programmation pluriannuelle des dépenses et objectifs de santé ». L'idée sous-jacente est que cette « stratégie nationale de santé corresponde à un financement pluriannuel et nous permette de sortir des PLFSS qui sont essentiellement budgétaires ». S'adressant directement à la ministre, Philippe Besset a donc exprimé la conviction de l'ensemble des membres des LDS prônant « une nouvelle loi de santé [qui] devra redéfinir les équilibres entre la ville et l'hôpital, en donnant toute sa place aux soins de proximité ». Elle devra également « repenser l'articulation entre prévention et soins, en transformant l’assurance maladie en véritable "assurance santé" basée sur la prévention et plus essentiellement sur le curatif ».
Frilosité politique
Si le consensus sur cette nécessaire refondation du système semble total, la méthode proposée par les LDS pour y parvenir n'a pas forcément suscité l'engouement de Geneviève Darrieussecq. L'organisation qui réunit 10 syndicats de professionnels de santé libéraux propose ainsi l'organisation d'une grande conférence sociale réunissant l’ensemble des parties prenantes, sous l’égide du Conseil économique, social et environnemental (CESE) « qui aboutirait à une proposition de loi discutée puis validée par une convention de citoyens tirés au sort ». Celle-ci devra déboucher sur « un nouveau pacte social sur la santé, aussi ambitieux et visionnaire que celui de 1945 ». Une proposition innovante accueillie favorablement par les partenaires sociaux présents dans la salle mais que la ministre n'a pas entérinée dans sa forme. Bien que favorable à la « construction de cette transformation qui est à l'œuvre », Geneviève Darrieussecq a clairement exprimé son scepticisme sur la méthode en détournant à son compte une célèbre formule gaullienne : « Je me méfie beaucoup des grand machins ! » Une frilosité que Philippe Besset met sur le compte d'un « sentiment de dépossession » ressenti par les politiques lorsqu'on leur propose de travailler et d'avancer sans qu'ils aient, dans un premier temps, pleinement la main sur l'organisation et le calendrier des débats.