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Les masques ont affaibli nos défenses

Moins stimulée avec les masques, notre immunité a-t-elle souffert ?

© adobestock_koldunova

L’affaire est partie d’un article de pédiatres français dans Infectious Diseases Now le 12 mai 2021. Inquiets de voir des enfants cloîtrés puis masqués même au sein de l’école, ils anticipaient une « dette immunitaire » liée à cette surprotection. « Je ne pense pas qu’ils aient voulu dire que les gestes barrières étaient néfastes pour le système immunitaire, mais leurs propos ont été repris par la sphère antimasque cet hiver au moment de la triple épidémie Covid-grippe-bronchiolite », décrypte Sandrine Sarrazin, chercheuse Inserm au Centre d’immunologie de Marseille-Luminy (CIML). « Il est vrai qu’en appliquant les mesures barrières, qui ont sauvé d’innombrables vies contre un virus inconnu, nous n’avons pas développé un certain nombre d’anticorps, de cellules mémoire contre d’autres virus. Lorsqu’ils se représentent l’hiver d’après alors qu’il n’y a plus de masques, ils frappent fort. » Mais en aucun cas le  système immunitaire ne peut se retrouver affaibli par ce qu’elle préfère désigner par une « dette d’exposition » car, « même confinés ou protégés, toutes les cellules immunitaires sont bien présentes, bien actives et continuent de faire leur travail ». De fait, « notre système immunitaire n’est jamais au repos et constamment stimulé, notamment par les micro-organismes présents dans l’alimentation ». Il ne peut donc pas s’abîmer par manque de sollicitation, ni par excès de stimulation.

Répertoire immunitaire

D’ailleurs tout le système immunitaire ne se mobilise pas à chaque agression. « Il s’apparente à une armée avec des bataillons spécialisés, un contre la grippe, le CMV, le VRS… Notre immunité se caractérise par sa grande diversité, notamment via les lymphocytes B et T. Nous avons des milliards de cellules différentes, toutes capables de reconnaître des antigènes différents. On parle de répertoire immunitaire, avec des recombinaisons génétiques aléatoires créant une immense diversité immunitaire capable même de devancer une exposition. » C’est pourquoi, lors du déferlement de la Covid-19, « la plupart des gens ont quand même réussi à se défendre », mais leur organisme a mis une dizaine de jours pour enclencher une réponse efficace faute de mémoire immunitaire correspondant à ce virus inconnu. La vaccination anti-Covid est donc la parade la plus adaptée pour mettre en place une protection rapide. Il n’y a de surcroît aucun risque « d’abîmer » l’immunité en vaccinant souvent « parce qu’à chaque fois, vous stimulez une toute petite fraction de milliards de cellules ! »

Intox !

Par Hélène Bry

3 Février 2023

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