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Le Cespharm s'attaque aux opioïdes

L'organisme vient de mettre en ligne un outil sur la réduction des risques et dommages causés par l'addiction aux opioïdes. 

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L'objectif de ce document didactique élaboré par le Comité d'éducation sanitaire et sociale de la pharmacie française (Cespharm) est d'aider les officinaux à mieux accompagner leurs patients dépendants aux opioïdes dans la prise en charge de leur addiction. Car les pharmaciens d’officine sont « souvent les premiers professionnels de santé – parfois les seuls – avec lesquels les usagers de drogues sont en contact. » Mettre à la disposition des équipes un outil d'information professionnelle fournissant une sorte de mode d'emploi de la réduction des risques et des dommages (RDRD) dans le domaine de l'addiction aux opioïdes, relève donc d'une démarche vertueuse. 

Trois niveaux d'intervention pour le pharmacien 

Le document détaille les trois niveaux d'intervention de l'officinal dans cette prévention : 

  • premièrement, la mise à disposition de matériel d'injection stérile, visant à diminuer les risques de transmission virale (VIH, VHC, VHB). Les outils principaux sont les trousses de prévention et les programmes d'échange de seringues en pharmacie (PESP) dans lesquels peuvent s'engager les officines. Ces programmes se déploient sur tout le territoire français et permettent aussi d'améliorer la sécurité et la salubrité publiques par la récupération du matériel usagé et sa non-dissémination dans les espaces publics. Des conseils utiles sur la meilleure posture à adopter pour le pharmacien face à ce public fragile sont également fournis. L'idée étant d'accueillir ce patient victime d'addiction comme tout autre patient, « sans jugement, ni prérequis de sevrage ou de réduction de consommation ». Une « posture bienveillante » est en effet primordiale pour établir des liens de confiance, indispensables pour initier une aide ;
  • le deuxième volet est la dispensation des traitements de substitution aux opiacés (TSO). Promouvoir et faciliter leur accès est un enjeu majeur pour diminuer les dommages liés à la dépendance aux opiacés et faciliter l'accès aux soins psychologiques et somatiques. La prise en charge du patient sous TSO par le pharmacien est un travail de longue haleine, avec une phase d'initiation, de stabilisation et éventuellement d'arrêt, en partenariat avec le prescripteur. Il s'agit pour le patient d'un changement majeur vers une amélioration de sa qualité de vie, dans l'objectif de recréer des liens, se refaire confiance, et le pharmacien a un rôle majeur à jouer dans ce travail de reconstruction de la personne ;
  • troisième volet, enfin : la prévention des surdoses. Elle consiste en un repérage précoce et se matérialise aussi bien sûr par la promotion de l'accès à la naloxone, qui « présente une grande sécurité d'emploi ». À ce sujet, un enjeu crucial est de sensibiliser le patient et son entourage à l'utilisation de cet antidote spécifique aux surdoses d'opioïdes, car il s'avère, explique le document, que « dans 70 % des cas de surdose, un proche ou un témoin est présent et en capacité d'agir ». Deux spécialités sont ainsi indiquées dans le traitement d'urgence des surdoses, se manifestant par une dépression respiratoire, dans l'attente des secours : Nyxoïd, en solution pour pulvérisation nasale, et Prenoxad, une forme injectable intramusculaire. 

Deux versions de ce document sont disponibles : la synthèse et la brochure complète peuvent être consultées et/ou commandées en version papier sur le site du Cespharm.

Par Hélène Bry

10 Février 2023

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