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L'ANPVO lâche la bride

L'ANPVO ne réclame plus haut et fort l'application du découplage sur le médicament vétérinaire mais seulement quelques ajustements aux textes nationaux et européens.

© Miguel Medina

 

Faute d'avoir réussi jusqu'ici à obtenir l'application du découplage entre prescription et délivrance, son cheval de bataille depuis des années, l'Association nationale de la pharmacie vétérinaire d'officine (ANPVO) tente désormais de récupérer ce qu'elle peut du marché du médicament vétérinaire. Et l'a fait savoir au cours d'une conférence de presse menée conjointement avec la FSPF, l'Uspo, l'UNPF et l'Association de pharmacie rurale (APR). Il y a cela dit de quoi faire, à commencer par un règlement européen sur ces produits, qui doit être adopté en novembre pour s'imposer aux États membres dans les deux ans qui suivent. Entre-temps, pharmaciens et vétérinaires s'affrontent sur un article, le 107 (lire l'interview de Jacky Maillet, président de l'ANPVO, dans Le Pharmacien de France n° 1270, mai 2015). Celui-ci stipule que les vétérinaires pourront vendre des médicaments antimicrobiens au détail seulement s'ils « soignent » les animaux concernés. Un terme bien trop flou. L'ANPVO a donc déposé un amendement visant à ajouter la mention « après qu'un diagnostic ait été posé, à la suite immédiate d'un examen clinique » et à supprimer l'exception voulue par les vétérinaires, qui souhaiteraient, « dans des cas exceptionnels », n'effectuer qu'« un simple suivi permanent ». L'association assure que « des membres de la commission Environnement, Santé publique et Sécurité alimentaire [Envi, en charge de l'instruction de ce projet, NDLR] sont avec [elle] » et indique qu'une résolution en faveur du découplage pour les antibiotiques a été adoptée par le Parlement européen le 19 mai. « Elle n'a pas force de loi mais constitue un guide important », a souligné Jacky Maillet. La commission Envi examinera en tout cas les amendements au règlement le 15 juillet prochain.

L'exonération aussi en question

À l'échelon national, se joue une révision du décret du 24 avril 2007 sur les conditions de prescription et de délivrance des médicaments vétérinaires, pour l'adapter à la lutte contre l'antibiorésistance. Une mission menée conjointement par les ministères des Affaires sociales et de l’Agriculture doit aboutir à un rapport pour le mois de septembre. Consultée, l'ANPVO a saisi l'occasion pour proposer quelques « correctifs » au texte, comme l'introduction d'un examen clinique avant toute vente d'antibiotiques, sur le modèle de son amendement au règlement européen, l'obligation de remise des ordonnances aux éleveurs dans un délai de sept jours après le bilan sanitaire d'élevage, l'interdiction formelle de la mention « renouvellement interdit » quand elle n'est pas manuscrite ou l'instauration d'une inspection à la fois par un pharmacien et un vétérinaire inspecteurs lors des contrôles liés à l'exercice de la pharmacie vétérinaire.

Enfin, parce qu'il avait été suggéré lors des travaux ayant conduit à une nouvelle liste d'exonération des médicaments vétérinaires, en 2012, une révision de cette liste tous les trois ans, l'ANPVO demande, avec le soutien des syndicats de la profession, « de revenir sur la contraception de la chatte et de pouvoir la renouveler sur une période d'au moins six mois », ainsi que sur les vermifuges équins. L'arrêté paru en mai 2012 avait en effet autorisé la délivrance sans ordonnance de la quasi-totalité des vermifuges mais retiré de la liste d'exonération les pilules contraceptives pour animaux de compagnie, entre autres. Jacky Maillet déclare avoir entamé des discussions avec la direction générale de la santé sur ces dernières, « sans retour pour l'instant ». La direction générale de l'alimentation refuse quant à elle de lâcher du lest sur les vermifuges équins, pour des motifs notamment de « persistance environnementale ». Quoi qu'il en soit, fort du constat d'une « volonté européenne d'assainir un peu le système, [...] nous pouvons rester, si ce n'est optimistes, au moins confiants », conclut pour nous le président de l'ANPVO.

Par Anne-Laure Mercier

28 Mai 2015

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