Formulaire de recherche

La recherche au pas de charge

L'essai clinique européen pour évaluer les médicaments candidats au traitement contre le SARS-CoV-2 vient de débuter.

© adobestock_james thew

Alors que les services hospitaliers italiens ont dépassé leur point de rupture, que les Espagnols suivent le même chemin et que les Français attendent la vague avec beaucoup d'inquiétude, la course contre la montre pour trouver un remède efficace contre le virus SARS-CoV-2 a bel et bien commencé avec le lancement le 22 mars de l'essai clinique européen baptisé « Discovery ». Coordonné en France par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) dans le cadre du consortium Reacting, il inclura au moins 800 patients français atteints de formes sévères ainsi que 3 200 patients européens issus de Belgique, des Pays-Bas, du Luxembourg, du Royaume uni, d’Allemagne et d’Espagne, en attendant que d’autres pays se joignent éventuellement à l'expérimentation.

Un essai adaptatif

L’objectif recherché est « d’évaluer l’efficacité et la sécurité de quatre stratégies thérapeutiques expérimentales qui pourraient avoir un effet contre le Covid-19 au regard des données scientifiques actuelles », indique l'Inserm, qui précise par ailleurs avoir « analysé les données issues de la littérature scientifique concernant les coronavirus SARS et MERS ainsi que les premières publications sur le SARS-CoV-2 émanant de la Chine pour aboutir à une liste de molécules antivirales à tester ». Il s'agit en l'occurrence de l'antiviral expérimental remdésivir développé par le laboratoire Gilead pour traiter initialement la maladie à virus Ebola et les infections à virus Marburg, de l'inhibiteur de protéase lopinavir en combinaison avec l'antirétroviral ritonavir, ce dernier traitement étant associé ou non à l’interféron bêta, et enfin de l’hydroxychloroquine, un antipaludéen également utilisé dans le traitement du lupus et de la polyarthrite rhumatoïde. Selon Florence Ader, l'infectiologue française qui pilote cette étude, « la grande force de cet essai est son caractère adaptatif [signifiant que] très rapidement, les traitements expérimentaux inefficaces pourront être abandonnés et remplacés par d'autres molécules qui émergeront de la recherche ».

Cinq modalités de traitement

Cinq hôpitaux français participeront au départ (hôpital Bichat-AP-HP, Lille, Nantes, Strasbourg, Lyon) puis d’autres centres ouvriront pour arriver au moins à une vingtaine d’établissements participants. Cette stratégie d’ouverture de centres « suivra la réalité épidémiologique de l’épidémie avec une priorisation à l’ouverture de l’essai dans des hôpitaux sous forte pression », précise l'Inserm. Cet essai va par ailleurs complémenter les données qui seront recueillies au cours d’un autre essai clinique international baptisé « Solidarity » qui va bientôt commencer sous l’égide de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Les modalités de traitement de l'essai Discovery sont les suivantes :

  • soins standards ;
  • soins standards plus remdésivir ;
  • soins standards plus lopinavir et ritonavir ;
  • soins standards plus lopinavir, ritonavir et interféron bêta ;
  • soins standards plus hydroxychloroquine.

L’attribution des modalités de traitement se fera de façon randomisée, mais sous la forme d'un essai ouvert, c'est-à-dire que patients et médecins sauront quel traitement est utilisé. L’analyse de l’efficacité et de la sécurité du traitement sera évaluée 15 jours après l’inclusion de chaque patient.

Par Benoît Thelliez

23 Mars 2020

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