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J’y pense et puis j’oublie

Huit patients chroniques sur dix n'auraient jamais été sollicités pour l'ouverture d'un dossier pharmaceutique (DP). Tentative d’explication.

Présentée lors du premier congrès Spot Pharma (Santé, Pharmacie officinale, Territoire) qui s'est déroulé à Paris les 3 et 4 décembre, l'enquête menée entre octobre et novembre par France Assos Santé révèle une donnée pour le moins étonnante. À la question « Vous a-t-on déjà proposé dans une pharmacie l'ouverture d'un dossier pharmaceutique ? », 80 % des 499 personnes sondées ayant une affection de longue durée (ALD) ont répondu par la négative. Ils ne sont « que » 67 % dans ce cas chez les 575 personnes déclarant ne pas être en ALD. Ainsi, 8 personnes sur 10 bénéficiant d'un traitement régulier et au long cours n'auraient pas de DP puisqu'ils affirment qu'aucun pharmacien ne leur a proposé d'en ouvrir un. Si l'on compare ce chiffre aux dernières statistiques diffusées par l'Ordre national des pharmaciens qui montrent qu'au 1er novembre il y avait 36 329 902 DP actifs et 99,9 % des pharmacies connectées au dispositif, on ne peut que s'interroger. Comment peut-il y avoir une écrasante majorité de patients en ALD sans DP alors que, dans le même temps, il est établi que plus de un Français sur deux en possède un ?

Trois possibilités

Dès lors, trois hypothèses se dégagent. La première revient à s'en remettre au hasard et imaginer que le panel choisi se situe effectivement bien, dans sa quasi-totalité, à l'intérieur de la frange minoritaire des Français ne disposant pas de DP. Bien que, selon les propres dires de France Assos Santé qui a « diffusé le questionnaire dans ses réseaux associatifs et via ses outils de communications digitaux », l'échantillon « [ne soit] pas représentatif », cette supposition reste peu probable eu égard au nombre assez important de répondants, soit 1 074 personnes, dont près de la moitié est en ALD.  
Partant de là, deux hypothèses demeurent : une partie des DP auraient été ou­verts par des phar­ma­ciens sans le consentement des patients ou, ce qui est plus probable, la plu­part d'entre eux ont tout sim­ple­ment ou­blié avoir donné leur accord. Cette seconde théorie tendrait en effet à montrer que l'ouverture d'un DP n'est pas suffisamment expliquée. Elle amènerait également à penser que, une fois ouvert, le DP ne serait plus évoqué par le pharmacien en présence du patient. Dans le doute, peut-être que les pharmaciens pourraient valoriser le fonctionnement d'un DP au moment de son ouverture ou d'une délivrance.

Par Benoît Thelliez

13 Décembre 2017

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