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Le Doliprane enfant serait cancérigène ?

Une pétition circule sur le Net dénonçant un excipient supposé dangereux du célèbre antalgique pédiatrique.

Avec 97 500 signatures à son actif au 28 janvier dernier, l’initiative de Nathalie Bernard fait florès. La pétition mise en ligne par cette mère de famille dénonce en effet un « additif cancérigène » présent dans le Doliprane enfant mais aussi dans de nombreux aliments ou cosmétiques, et appelle au retrait des produits en renfermant… tout en mêlant allègrement le vrai et le faux. Cette molécule, c’est l’azorubine, un colorant alimentaire également appelé E122. La dose journalière maximale acceptable (DJMA), calculée par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) grâce à des données industrielles, est de 4 mg/kg/j ; selon Sanofi, la dose ingérée en cas de traitement est de 0,033 mg/kg/j, soit environ 1 % de la DJMA. Selon l’EFSA, très peu d’enfants l’atteindraient, et via les apports alimentaires le cas échéant. 

Mesure de prudence

Ce problème de dose écarté pour le Doliprane, reste les effets supposés de l’azorubine. La pétition avance qu’elle serait « classée dans le groupe 3 au Centre international de recherche sur le ­cancer (Circ) [dépendant de l’Organisation mondiale de la santé, NDLR] car il est présagé cancérigène ». Or c’est exactement l’inverse : ce groupe comprend les substances « inclassables quant à leur cancérogénicité pour l’homme ». Est également citée l’Association pour la recherche thérapeutique anticancéreuse. Interrogé, son président Dominique Belpomme nous indique avoir revu sa position, sans fournir de nouveaux éléments pour étayer ses propos : de « certainement » cancérigène, la molécule ne le serait plus que « possiblement », au même titre que les autres colorants azotés de la même classe. Second effet indésirable supposé : l’induction d’hyper­activité chez l’enfant. Cette suspicion repose sur une étude parue en 2007 dans le Lancet, qui n’avait pas été jugée suffisante par l’EFSA. Mais elle a amené le gouvernement anglais à faire apposer la mention « peut avoir des effets indésirables sur l’activité et l’attention chez les enfants » sur les aliments et les boissons contenant de l’azorubine ; une position partagée par le Parlement européen… mais qui ne concerne pas les médicaments. Les parents inquiets peuvent donc limiter l’E122 dans l’alimentation dans leurs enfants mais pour un traitement antalgique court, l’important est ailleurs.

intox !

Par Laurent Simon

29 Janvier 2016

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