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Crise sanitaire : expériences croisées

Le Congrès de Lille a été l’occasion pour les pharmaciens français et belges de revenir sur leur implication respective durant la crise sanitaire mais aussi de faire un tour d’horizon de l’exercice officinal au sein de l’Union européenne.

Pharmaciens belges et français échangent sur les enseignements de la pandémie pour la profession.© alban roinard

La pandémie de Covid-19 a profondément bouleversé l’exercice officinal en France, mais aussi dans toute l’Europe. Dans l’Hexagone, « le pharmacien a été en première ligne », rappelle Éric Garnier, vice-président de la FSPF chargé des Affaires internationales et européennes. Pour lui, « la crise a affirmé le rôle primordial du pharmacien dans la prévention »

Coup d’accélérateur

Isabelle Zion, pharmacienne exerçant à la fois en France et en Belgique au plus fort de la crise sanitaire, a été marquée par la réactivité et la rapidité de mise en place des nouvelles prérogatives dans notre pays. « Cela a été une période riche et dense en France », explique-t-elle, soulignant que les pharmaciens n’ont pas été autant sollicités en Belgique. Mais depuis ces derniers mois, la situation a changé, se félicite Koen Straetmans, président de l’Association pharmaceutique belge (APB). Au début de la pandémie, la profession a seulement été invitée à fabriquer des gélules de paracétamol, de la solution hydroalcoolique et à participer à l’approvisionnement en oxygène au domicile des patients. La confiance à l’égard des pharmaciens a évolué, ils sont désormais autorisés à dépister et vacciner. « La crise a été un formidable coup d’accélérateur pour la profession », observe pour sa part Alain Delgutte, membre du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens. L’ancien président du Groupement pharmaceutique de l’Union européenne en est persuadé, cette implication des pharmaciens « va marquer durablement » les politiques et peut-être arrêter les envies de dérégulation prônées par certains.

Préserver les piliers

Au-delà de la France, seuls l’Espagne et le Luxembourg conservent les trois piliers protecteurs de l’officine que sont le monopole de dispensation, la loi de répartition démogéographique et la réserve du capital aux seuls pharmaciens. « Il n’y a plus que 10 pays en Europe dans lesquels le monopole pharmaceutique existe, 11 qui possèdent une loi de répartition et 11 où l’exercice personnel est en vigueur », précise Éric Garnier. Du côté belge, les pharmacies gardent le monopole de délivrance des médicaments et leur répartition est réglementée, mais le droit de propriété n’existe pas, explique Koen Straetmans. Toutefois, les officines sont principalement détenues par des pharmaciens indépendants. Sur les 4 650 officines que compte le pays, environ 700 sont la propriété de mutuelles ou d’investisseurs. Pour Alain Delgutte, il existe deux exemples à ne pas suivre en matière de dérégulation. Et de citer en premier lieu l’Angleterre où les pharmaciens ont déposé plainte face aux pressions qu’ils subissaient de la part des propriétaires des grandes chaînes pour ne pas tenir compte des bilans de médication et inciter à toujours plus de délivrance. Autre exemple, la Suède où les stations-service et les marchands de journaux avaient été autorisés à vendre certains médicaments en libre accès, dont le paracétamol, avant de faire marche arrière devant la hausse des cas de surdosage. La FSPF entend, elle, continuer à défendre les trois piliers, mais aussi préserver l’encadrement de la vente en ligne, tout en s’attachant à déployer la nouvelle convention. Sur le plan de la rémunération enfin, Éric Garnier plaide pour une indexation des honoraires sur l’inflation, comme c’est d’ailleurs déjà le cas en Belgique.

Par Paul Kristoff

1 Juillet 2022

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