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Comment la Covid-19 influence les prescriptions

Depuis le début de l'épidémie, Épi-Phare scrute la consommation de médicaments. La cinquième mouture de l’étude offre un recul très instructif sur toute la période.

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Épi-Phare, le groupement d’intérêt scientifique entre l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) et l’Assurance maladie, réa­lise de­puis le 16 mars le suivi de la consom­ma­tion des mé­di­ca­ments sur or­don­nance dé­li­vrés en ville. Huit mois après, trois grandes ten­dances se des­sinent.

Vers une normalisation

Certes, la si­tua­tion n'est pas en­core nor­male, mais elle l'est da­van­tage que lors du premier confinement car, cette fois, « il n'y a pas eu de phé­no­mène de sto­ckage ra­pide et mas­sif », révèlent les auteurs de cette synthèse. Entre le 9 et le 22 no­vembre, la consom­ma­tion d’hydroxychloroquine a certes été su­pé­rieure de 15,5 % par rap­port à l'at­tendu, mais nettement moins que lors du pre­mier confi­ne­ment où elle avait bondi de 103,6 %. Quant aux mé­di­ca­ments destinés à soi­gner les ma­la­dies car­diovas­cu­laires et le dia­bète, un stockage avait bien été observé du 16 au 19 mars avec une aug­men­ta­tion « de 20 à 38 % se­lon les classes thé­ra­peu­tiques par rap­port à l'at­tendu ». S'en est ensuite sui­vi « une sous-consom­ma­tion » avant « un re­tour vers une consom­ma­tion plus nor­ma­li­sée dans la plu­part des classes thé­ra­peu­tiques à par­tir de la fin du confi­ne­ment ». Cette ten­dance glo­bale à la nor­ma­li­sa­tion est ana­ly­sée dans le rap­port par deux élé­ments im­por­tants : « L'uti­li­sa­tion des masques de­ve­nue gé­né­ra­li­sée hors du do­mi­cile » et le fait que les pro­fes­sion­nels de santé se sont peu à peu ha­bi­tués à soi­gner leurs pa­tients le plus « nor­ma­le­ment » pos­sible mal­gré l'épi­dé­mie. Ces derniers ont par ailleurs visiblement bien in­té­gré les mes­sages sa­ni­taires les enjoignant à se faire soigner malgré la situation épidémique, sa­lue le rap­port.

Certains médicaments progressent après le premier confinement…

« Parmi les mé­di­ca­ments dont la consom­ma­tion a au contraire aug­menté en fin du pre­mier confi­ne­ment, du­rant la pé­riode qui a suivi et pen­dant le deuxième confi­ne­ment, fi­gurent les mé­di­ca­ments des troubles men­taux », note le rapport. C’est également le cas des dis­po­si­tifs in­tra-uté­rins au pro­ges­ta­tif dont les délivrances avaient fortement chuté lors du pre­mier confi­ne­ment (-37,9 % par rap­port à l'at­tendu) et qui sont re­mon­tées en flèche par la suite  (+23,8 % lors du deuxième confi­ne­ment).

… d'autres chutent

Enfin, cer­taines classes thé­ra­peu­tiques usuelles ont subi « un ef­fon­dre­ment mar­qué du­rant ces huit mois ». C'est le cas par exemple des AINS, dé­con­seillés depuis l’apparition de la Co­vid-19. La baisse sur les huit mois a été de « 8,9 mil­lions de trai­te­ments dé­li­vrés », note le rap­port. Cer­tains an­ti­bio­tiques ont également très for­te­ment chuté, comme ceux de la classe ATC J01, avec 5,5 mil­lions de trai­te­ments en moins sur huit mois. Les ex­perts es­timent que cette baisse est possiblement en lien avec la di­mi­nu­tion de la cir­cu­la­tion de plusieurs infections saisonnières grâce à la dis­tan­cia­tion so­ciale et aux me­sures bar­rières. Le taux de vaccination global, en­fin, reste très en-deçà des an­nées pré­cé­dentes, notamment concernant les vac­cins anti-HPV qui sont en baisse de 35,6 % par rap­port à l'at­tendu.

Par Hélène Bry

18 Décembre 2020

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