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Autotests : le grand cafouillage

Après la saga des masques et des vaccins, celle des autotests ne fait que commencer. Dans un certain flou artistique ou un flou artistique certain.

© adobestock_olly

L'an­nonce de l'ar­ri­vée en France des au­to­tests nasaux avait déjà com­mencé dans une cer­taine confu­sion. Le 14 mars, le di­rec­teur gé­né­ral de la Santé (DGS) Jé­rôme Sa­lo­mon lais­sait en­tendre sur BFM TV qu'ils se­raient « as­sez fa­ciles d'ac­cès […] peut-être en su­per­mar­ché, en tous les cas en of­fi­cine ». Dès le 17 mars, au len­de­main de leur va­li­da­tion par la Haute Autorité de santé (HAS), Car­re­four an­non­çait pré­voir d'en vendre dès le week-end des 20-21 mars. Le 18 mars, Phi­lippe Bes­set, le pré­sident de la FSPF, rap­pe­lait que de tels « dis­po­si­tifs mé­di­caux de diag­nos­tic in vi­tro » étaient tout bon­ne­ment « des pro­duits du mo­no­pole phar­ma­ceu­tique » et un com­mu­ni­qué com­mun des re­pré­sen­tants de la pro­fes­sion (Ordre, syn­di­cats, grou­pe­ments…) mar­te­lait cette po­si­tion. Pour cla­ri­fier la si­tua­tion, la DGS or­ga­ni­sait ce 26 mars un point presse. Mais les po­si­tions étant vi­si­ble­ment loin d'être tran­chées, le brief a sus­cité da­van­tage en­core de ques­tions qu'il n'a ap­porté de ré­ponses. La veille, le 25 mars, lors de l'Af­ter­work de la FSPF, Phi­lippe Bes­set s'était lui-même ques­tionné sur la place que pour­raient trou­ver ces tests dans la stra­té­gie de dé­pis­tage sa­chant que « nous avons déjà deux pi­liers, les RT-PCR en labo et les an­ti­gé­niques à l'of­fi­cine, avec 12 000 of­fi­cines réa­li­sant 600 000 tests par se­maine ». Af­fir­mant que, bien sûr, les phar­ma­ciens se­ront au ren­dez-vous, il sou­ligne un préa­lable es­sen­tiel : « Il nous manque l'agré­ment de ces tests. »

Quand arriveront ces tests ?

Le ministère répond mi-avril. Loin donc du « cette semaine » de Jérôme Salomon le 14 mars… Mais on comprend bien qu'il faut du temps pour valider les tests. « L'Europe a autorisé les pays européens à ne pas demander le marquage CE, mais à condition d'avoir une procédure à peu près équivalente en national », explique Philippe Besset. Les industriels doivent soumettre leur produits à l'ANSM, habilitée à les agréer. « Entre 5 et 10 fabricants ont déjà envoyé leur dossier », glisse le ministère. 

Où seront vendus ces tests ?

« Le dé­ploie­ment des au­to­tests en su­per­mar­ché n'est pas pour l'ins­tant à l'ordre du jour », lâche le mi­nis­tère, dé­cla­rant que les au­to­tests se­ront dé­ployés « évi­dem­ment via les of­fi­cines, en s'ap­puyant no­tam­ment sur le ré­seau of­fi­ci­nal », donc sans ex­clure ex­pli­ci­te­ment la grande distribution. 

À quel prix ?

« A priori au­tour de 5 eu­ros », avance le mi­nis­tère, « à confir­mer avec les dif­fé­rents fa­bri­cants », sans ré­pondre à l'im­por­tante ques­tion de la prise en charge ou non.

Pour qui ?

Le mi­nis­tère a évo­qué des « pu­blics cibles », par exemple de per­sonnes « jeunes » ou ayant « beau­coup de contacts » ou éven­tuel­le­ment « éloi­gnées des soins ». Mais le fait que tout le monde puisse s'en pro­cu­rer ne semble pas ex­clu du tout non plus. Ce qui pa­rais­sait être l'hy­po­thèse de dé­part de la HAS puis­qu'elle a re­com­mandé ces tests soit pour des dé­pis­tages col­lec­tifs de per­sonnes de plus de 15 ans ame­nées à se faire tes­ter sou­vent, soit dans un cadre privé avant une ren­contre avec de la fa­mille par exemple. Donc pour tous, en ce cas.

À quelle fréquence ?

Le mi­nis­tère parle d'un « usage ité­ra­tif »« une à deux fois par se­maine »... Le pro­chain épi­sode du feuille­ton sera, es­pé­rons-le, plus clair.

Par Hélène Bry

26 Mars 2021

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