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À quand la pharmacie services ?

PDA, vaccination, livraison de médicaments… Encore entravés par le manque de cadre réglementaire, les services à l’officine se développent pourtant, bon gré mal gré. Ils ont fait l'objet de la dernière conférence du Congrès national des pharmaciens.

© SEBASTIAN SCHEFFEL

 

Il y a parfois des raisons de se réjouir. La vaccination à l’officine en est une : quelques semaines après son lancement officiel en même temps que la campagne de vaccination antigrippale, le succès semble déjà au rendez-vous. « Près de 20 000 patients se sont déjà fait vacciner à ce jour en officine », se félicite Alain Guilleminot, président de l’Utip, qui décompte également près de 1 000 pharmaciens formés dans les deux régions expérimentatrices, Auvergne-Rhône-Alpes et Nouvelle-Aquitaine, par le biais de son organisme de formation. De plus, « les pharmaciens qui n’appartiennent pas aux régions tests ont hâte », souligne Bruno Galan, président du conseil régional de l’Ordre des pharmaciens Languedoc-Roussillon. Cette démarche pourrait même être doublement bénéfique, selon Luc Besançon, directeur général de la Fédération pharmaceutique internationale (Fip) : dans les pays où la vaccination est en place, cet acte de soin peut être non seulement une porte d'entrée du premier recours mais aussi un produit d’appel pour l’officine. La vaccination n’est néanmoins pas la seule actualité en termes de services : la livraison à domicile de médicaments, portée par des acteurs comme Pharma Express ou La Poste, alimente également les débats. Conscient du flou réglementaire autour de cette disposition, l’Ordre des pharmaciens, par la voix de Bruno Galan, assure « avoir dans le viseur » les acteurs qui la pratiquent, tout en reconnaissant devoir « attendre » et « faire un état des lieux » avant d’agir sur les opérateurs qui pratiquent déjà ce nouveau service. Philippe Gaertner, président de la FSPF, incite les pharmaciens à se saisir de cette activité sans attendre : « portez à domicile, dispensez à domicile pour que d’autres ne le fassent pas à notre place ». L’ombre des géants de la distribution comme Amazon n’est en effet jamais loin.

Le temps presse

Reste à trouver des modèles économiques, sachant que le cadre réglementaire est encore incomplet, au grand dam de tous les acteurs présents. « nous attendons depuis neuf ans l’alinéa 8 [de l’article 38 de la loi Hôpital, patients, santé et territoires concernant les services à l’officine, NDLR]. C'est inacceptable », dénonce Philippe Gaertner. L’exemple de la préparation des doses à administrer (PDA) est typique : même si l’absence de texte n’empêche pas de mettre en place des services et de percevoir une rémunération, elle contrarie son développement. « Nous réclamons un euro par jour et par patient », précise Philippe Gaertner, avec une prise en charge possible pour les patients qui le nécessiteraient. Il y a urgence : « ce qui est gratuit n’a pas de valeur, assène Lucien Bennatan, président du groupement Pharmacie référence. Nous ne devons pas être que des génies du négoce. » Quitter la distribution pure et dure pour aller vers une dispensation de qualité est stratégique car « tout ce qui élargit le champ d’activité du pharmacien permet de retrouver de la croissance », assure Philippe Gaertner. Peut-être que la méthode australienne est la bonne, comme la résume Luc Besançon : « un fond est prévu chaque année pour tester des nouveaux services, qui seront éventuellement intégrés dans la convention ». Négocier en permanence, étendre le domaine de l’officine pour favoriser sa croissance…, les objectifs sont clairs. Reste à en trouver les modalités.

Par Laurent Simon

22 Octobre 2017

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